Vincent Peillon était ce matin l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC
Voici le compte-rendu disponible sur le site de RMC.
Jean-Jacques Bourdin : Est-ce que les mesures sont bonnes ou pas ?
Vincent Peillon : Pour l'instant, les orientations du
Gouvernement et du Président de la République n'ont pas porté leurs fruits, ça
c'est la première chose. Dans le discours d'hier, il a beaucoup rappelé les
thèmes de sa campagne présidentielle, et il a rappelé une direction politique
avec des éléments qui sont très idéologiques sur le « travailler
plus » par exemple, mais pour l'instant les résultats ne sont pas là. Beaucoup
de gens s'attendaient, en dehors des questions de comportement, à ce qu'il
puisse y avoir, dans son intervention d'hier soir, une inflexion de la
politique ; ça n'est pas le choix qu'il a fait, il a fait un double choix de
rappeler sa cohérence en disant que c'est la bonne direction, et deuxièmement
en demandant de lui laisser du temps.
Jean-Jacques
Bourdin : Revenons sur l'un des sujets abordés par le Président de la
République hier, l'intéressement : faut-il l'imposer à toutes les entreprises
de moins de 50 salariés ?
Vincent
Peillon : C‘est la question en fait du pouvoir d'achat, qui
était la plus attendue hier et sur laquelle il y a un malaise, parce que c'est
très problématique. Là dessus, pour l'instant, les mesures qui ont été prises
n'ont pas produit leurs effets. C'est la fameuse affaire des heures
supplémentaires, on nous dit que ça devrait les produire, que ça commence à le
faire, mais les chiffres sont très contrastés et l'idée de l'intéressement et
de la participation c'est un instrument en plus qui a mon avis sera très
insuffisant, pour essayer de redistribuer de l'argent aux salariés. Quand
j'entends le Président de la République nous expliquer qu'il veut le système un
tiers/un tiers/un tiers dans l'investissement, tout ça me parait être quelque
chose de totalement décalé des réalités, ça ne se fait pas comme ça, et c'est
ce qui me gêne. Il y a un problème de gouvernance en réalité, pas un problème
de communication.
Jean-Jacques
Bourdin : Le RSA, Vincent Peillon, qu'en dites-vous ?
Vincent
Peillon : Sur le RSA, qui est une bonne idée parce qu'on a ce
problème de la remise au travail donc de l'intérêt de la reprise de travail par
les gens qui en sont exclus et qui sont le mécanisme d'assistance, c'est
expérimenté dans plusieurs départements, la question est aujourd'hui celle de
son extension. Vous avez d'abord une question de coût, de périmètre du
dispositif et donc derrière, une fois que vous avez ces deux éléments, vous
avez la question du financement. Ce que j'ai entendu hier, c'est gravissime, et
j'ai été étonné que les réactions ne soient pas violentes. Dire « je vais
financer le retour au travail des gens qui sont dans l'assistance en diminuant
les revenus de ceux qui sont dans les bas salaires » c'est n'importe quoi.
D'une idée généreuse, on fait à la fois un danger social et un échec
économique. Quand on est à ce point de contradiction entre les discours et les
décisions qu'on prend, il y a un problème et je pense que c'est un problème
lourd qui est au cœur du moment. Je ne pense pas que les gens de droite soient
dangereux, je pense qu'on a des divergences sur un certain nombre de choses
mais qu'on partage un consensus républicain. J'ai quand même vécu sous beaucoup
de Gouvernements de Droite, et là j'ai une inquiétude pour le pays, et quand
j'entends ce numéro invraisemblable et que je vois le traitement qu'on en fait
et une seule mesure qui est profondément dangereuse.
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