L'Express publie aujourd'hui la retranscription d'un débat entre Michel Barnier et Vincent Peillon sur l'Europe.
L'EXPRESS : Vincent Peillon, Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment été un mauvais président de l'Union européenne?
Vincent Peillon : Il n'a pas fait une grande présidence. Sur les sujets internationaux comme la Géorgie ou l'Union pour la Méditerranée, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Il y a aussi eu des oublis majeurs, qui vont des services publics à l'agenda social. Le semestre s'est terminé avec la crise financière et, là, le président a échoué dans la coordination des plans de relance. Affaiblissement de l'intégration des politiques, donc affaiblissement de la Commission et repli de chaque nation sur elle-même : c'est ce que j'appelle un bilan très mitigé.
L'EXPRESS : Michel Barnier, Nicolas Sarkozy défend-il vraiment l'esprit européen quand il revendique pour lui seul tous les succès de l'Union?
Michel Barnier : Il livre des résultats. On ne peut contester le succès du G20, préparé avec Angela Merkel. Et si, Vincent Peillon, vous parlez de la présidence française de manière si alambiquée, c'est pour cacher un embarras. Vos amis socialistes européens, et même Daniel Cohn-Bendit, ont félicité Nicolas Sarkozy. L'agressivité du PS me déçoit, alors que vous n'avez pas été au rendez-vous de la présidence française. Vous n'avez parlé que de vous-mêmes, ni de la France, ni de l'Europe.
Vincent Peillon : Quel manque de nuances ! Parlons du G20 : on a vu une opposition entre les Etats-Unis, qui font un plan de relance à 600 milliards d'euros, et l'Europe, qui en fait un à 200 milliards, dont 160 milliards d'agrégat des plans nationaux. La France s'est même battue pour qu'il n'y ait pas de coordination des politiques économiques, pour des raisons liées à l'endettement de notre pays.
Il y a deux visions de l'Europe: Nicolas Sarkozy et l'UMP portent une vision qui est l'Europe des nations. C'est possible, mais il faut l'assumer. Ils ne souhaitent pas un budget plus important qui permettrait une Europe puissance. Nous souhaitons une harmonisation sociale et fiscale, l'UMP la refuse. Nous voulons une Europe intégrée, l'UMP souhaite une simple coordination des politiques nationales.
Michel Barnier : Vous caricaturez! On ne peut comparer avec les Etats-Unis, car ils n'ont pas notre système de protection sociale et intègrent dans leur plan des dépenses qui sont déjà incorporées chez nous. Il y a l'urgence, et c'est l'honneur de Nicolas Sarkozy d'avoir proposé le G20. Vous en prédisiez l'échec, vous le souhaitiez ! Ce ne fut pas le cas. Et il y a l'ordre économique de demain.
Entre sociodémocrates et sociolibéraux, nous pourrions nous entendre. Je suis fidèle à Schuman, à Monnet et à de Gaulle, vous pourriez l'être à Mitterrand et à Delors. En 2010, il faut un rendez-vous européen pour faire le point sur les grands moteurs de la croissance, de l'énergie à la recherche. Nous proposons de construire un nouveau modèle de croissance, plus juste et plus durable.
Vincent Peillon : D'abord, il est faux de dire que personne n'avait proposé, jusqu'à présent, une moralisation du capitalisme international. La France a fait douze propositions en 1999 et, en 2002, nous avons réuni parlementaires nationaux et européens pour adopter 50 mesures de moralisation, auxquelles l'UMP s'était opposée. Vous citez Jacques Delors, il préside mon comité de soutien! Vous avez raison de vouloir un nouveau modèle, mais le plan de relance français ne prend pas en compte la dimension écologique. Et notre budget de la recherche s'éloigne de plus en plus des objectifs européens. Il faut une cohérence entre les discours et les actes, et il faut une cohérence dans la continuité des actions.
Michel Barnier : On peut polémiquer sur des budgets nationaux, cela ne nous dit pas ce que l'on fait ensemble. On a su mutualiser la politique agricole dans les années 1960, pourquoi n'aurions-nous pas la même audace sur l'énergie, l'industrie ou la recherche ? C'est comme cela qu'on augmentera l'effet de levier européen.
L'EXPRESS : A quoi servirait le grand emprunt que vous préconisez l'un et l'autre?
Vincent Peillon : Il doit permettre la relance, en finançant des projets structurants comme le développement du fret ferroviaire, des transports non polluants ou de l'énergie renouvelable. La recherche et l'innovation sont aussi des priorités. Je suis heureux de voir que l'UMP se range aujourd'hui derrière cette idée lancée par Jacques Delors en 1993. Mais il y a un manque de cohérence : le programme du Parti populaire européen (PPe), donc de l'UMP, condamne le principe d'endettement : « L'Union n'a pas le droit de s'endetter. C'est le prérequis de tout type de réforme budgétaire. »
Michel Barnier : Ce n'est pas contradictoire. L'emprunt visant à lancer des grands travaux peut venir de la Banque européenne d'investissement ou de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Parallèlement, nous proposons la création d'une caisse européenne des dépôts avec l'Allemagne et d'autres pays, afin de rémunérer l'épargne des Européens et de l'orienter notamment vers la croissance verte.
Vincent Peillon : Je veux revenir sur l'harmonisation. En octobre 2007, nous avons proposé à Strasbourg un amendement pour endiguer la concurrence fiscale déloyale et répartir plus équitablement la charge fiscale. L'UMP et le PPE ont voté contre. Le président de la République a tort de penser que la question sociale doit rester nationale. C'est une régression.
Michel Barnier : Quelle caricature ! L'Europe sociale n'est pas uniquement de votre côté, ou de celui d'Olivier Besancenot, derrière lequel vous courez...
Vincent Peillon : Pas moi. Vous, vous courez derrière l'extrême droite avec votre directive retour, sur les immigrés !
Michel Barnier : Les socialistes européens soutiennent notre politique d'immigration. Je remarque d'ailleurs que, sur bien des sujets, le PS français ne dit pas la même chose que les autres socialistes européens.
Vincent Peillon : Vous aurez observé que le PS fait campagne sur un texte commun, le Manifesto, signé par 27 partis socialistes européens. C'est une première historique que vous auriez pu saluer.
Michel Barnier : J'en reviens au fond. Vous prenez le risque de revenir en arrière en harmonisant tout vers le bas. Nous ne voulons pas baisser la garde sur la protection sociale. Vous préconisez un salaire minimal commun. Mais combien vaudrait-il en Hongrie ou en Bulgarie par rapport au Smic ?
Vincent Peillon : Nous proposons un minimum dont le montant varierait selon les Etats.
Michel Barnier : Vous allez donc donner des instructions à chaque pays ?
Vincent Peillon : Evidemment, sinon renoncez à construire l'Europe ! Que sont les directives, sinon des textes destinés à chaque pays ? Sans harmonisation fiscale sociale, la concurrence sociale réelle va s'amplifier. Car les entreprises s'installent là où elles paient moins de charges. Le vrai clivage aujourd'hui, c'est d'accepter ou non le retour vers une Europe des nations, que préconise Nicolas Sarkozy.
Michel Barnier : Il défend la vision d'une Europe communautaire. Gardons-nous du populisme.
Vincent Peillon : Sur la Turquie, Sarkozy est dans le populisme !
Michel Barnier : Non. Les discussions sur les différents chapitres que nous avons ouverts avec la Turquie ne peuvent conduire qu'à un partenariat privilégié, pas à l'adhésion.
Vincent Peillon : Ce n'est pas vrai. Je rappelle que deux chapitres supplémentaires ont été ouverts depuis le début du mandat de Nicolas Sarkozy. L'Europe est un espace de valeurs communes. Si la Turquie est en capacité de répondre aux exigences européennes, le président ne pourra s'opposer à son adhésion. Constatons que ce pays ne répond pas aujourd'hui aux conditions d'adhésion, mais ne soyons pas dans une opposition a priori. Les Européens sont surpris de la façon cavalière qu'a le chef de l'Etat de trancher cette question.
Michel Barnier : Son choix est clair. Avec l'Allemagne, comme l'a redit Angela Merkel à Berlin, nous proposons à la Turquie un partenariat, pas l'adhésion à l'Union.
bien les remises en place politiques par rapport au libéralisme. devenons encore plus concrets :
car il apparaît que :
la dénonciation concrète qui s’entend désormais mieux, des différences de mesures entre Modem (dont en particulier leurs votes passés récents) et socialistes, commence semble-t-il à payer. On dit que des voix modem passeraient au PS. Voix de "gauche" perdues sinon. Les votes modem sont parlants comme le pacte de Stockholm de la formation dont il fait partie. Comparé au manifesto. et au texte national du PS sur l'europe.
les mesures vers harmonie santé, fiscalité, services publics, protections sociales et de justice pour la dignité humaine , peuvent prendre voix sur celles de la gauche du PS. Le dernier auto-collant-affichable est pas mal d’ailleurs sur les services publics. Car il traîne toujours dans des esprits divers que le PS privatise et privatisera.
ceci ajoute du concret au slogan anti-Sarkozy sec je pense.
Rédigé par : nicole | 01 juin 2009 à 18:03
quel spectacle consternant et pitoyable que celui du meeting de reze:si certains responsables socialistes pensent qu'ils vont faire gagner le ps par des arrangements de facade,des compromissions sans fin et des sourires de circonstance,ils se trompent completement car ils n'ont pas compris que les francais,justement ,ne veulent plus de ca,ce que veulent les francais c'est 1 ligne claire et coherente comme celle que propose vincent peillon!
Rédigé par : melun | 30 mai 2009 à 10:19