Avec le communiste Robert Hue, plusieurs
personnalités de gauche, dont Vincent Peillon, appellent aujourdhui, dans les colonnes du quotidien Le Monde, à élaborer un
"pacte unitaire de progrès".
Les résultats des européennes du 7 juin l'ont
confirmé : la gauche est la première victime de l'abstention des Français les
plus modestes, et des jeunes. Elle est ensuite victime de ses divisions, de
clivages dépassés, prisonnière de discours et cultures hérités des siècles
passés. De là viennent les sectarismes et les querelles intestines qui
s'étalent dans les médias et font le désespoir du peuple de gauche.
Le paradoxe est saisissant : d'un côté la
crise et ses conséquences dévastatrices; les mobilisations sociales et l'unité
syndicale qui y répondent; de l'autre côté, une gauche morcelée, fatiguée,
manquant d'imagination et peinant à élaborer un projet qui suscite l'espoir et
l'enthousiasme. Pour des millions de femmes et d'hommes, de salariés du public
et du privé, de chômeurs, de jeunes, d'universitaires et de chercheurs,
d'intellectuels, de créateurs, d'artistes, ce déclin de la gauche est vécu
comme un drame.
Dominant ce paysage sinistré, le pouvoir croit
tenir sa victoire. Face au mécontentement, aux mobilisations sociales, il
s'adapte, louvoie – mais il garde le cap. Au prix que l'on sait : une
excroissance insidieuse d'un pouvoir personnel omniprésent, et une méthodique
déconstruction, au quotidien, de la puissance publique et de l'Etat de droit. Nous
savons bien ce qu'il y a au bout d'un tel chemin : la déchirure du corps
social. Il faut l'éviter à tout prix.
Il est urgent que la gauche se sorte de
l'impasse où elle s'est laissée enfermer. Elle le doit à tous ceux qui sont
convaincus qu'un autre avenir, dans une autre société, est possible. Aucun
parti ne peut prétendre, à lui tout seul, être la force propulsive du
progressisme nouveau, et de la dynamique unitaire, dont le peuple de gauche a
tellement besoin. On ne saurait non plus laisser les états-majors, comme à leur
habitude, faire et défaire les coalitions et les alliances au gré des résultats
électoraux et des rapports de force internes. La solution est ailleurs.
Dans tous les partis de gauche et au-delà
demeure un capital militant, un potentiel de générosité et d'intelligence
citoyenne qui représente une formidable chance de renouveau. Et à côté des
partis, dans les associations, les collectifs, la société civile, des millions
de femmes et d'hommes cherchent un espace politique solidaire, efficace et
durable, où s'investir pour le changement.
Nous voulons agir pour rassembler les uns et
les autres dans l'élaboration commune d'une alternative progressiste au
néolibéralisme, d'un programme de profonde transformation sociale. Un projet
qui puisse un jour prochain être porté au gouvernement, et qui s'inspire
directement des aspirations, des revendications et des luttes de toutes les
forces vives de notre pays.
Cinq axes de réflexion et d'action nous semblent
prioritaires :
1. La définition d'une nouvelle éthique de la
République et de la vie politique.
2. L'approfondissement de la démocratie
sociale et citoyenne.
3. Le combat pour une mondialisation solidaire
et pacifique.
4. La reconstruction de notre société autour
des principes de justice sociale, d'égalité d'accès aux savoirs et à la
culture.
5. La conception d'un nouveau modèle de
développement économique qui soit à la fois social, écologique et progressiste.
Nous appelons au rassemblement sans délai de
toutes celles et de tous ceux qui estiment urgent de se retrouver dans une
démarche unitaire, en pleine autonomie, au-delà des appareils politiques, non
pas contre eux mais en rejetant toute hégémonie. De toutes celles et de tous
ceux qui désirent participer à l'écriture d'une nouvelle page fondatrice de
l'histoire de la gauche.
Nous appelons à la création partout en France
d'espaces de dialogue, d'organisation et d'action. Tous ensemble, nous nous
donnerons comme premier objectif l'élaboration d'un pacte unitaire de progrès. Une
charte reposant sur les principes que nous définirons collectivement, pour une
société progressiste plus juste et plus humaine.
Robert
Hue,
sénateur du Val-d'Oise et fondateur du Nouvel Espace progressiste; Dominique
Bègles, journaliste; Jean-Pierre Bel, président du
groupe socialiste au Sénat; Pascal Cherki, maire du
14earrondissement de Paris; Denis Cohen, syndicaliste;
Julien Dray, député de l'Essonne; Aurélie Filippetti,
députée de Moselle; Michela Frigiolini, militante associative;
Michel Fize, sociologue; Bernard Frédérick,
journaliste et coordinateur national du Nouvel Espace progressiste;
Stéphane Gatignon, conseiller général de Seine-Saint-Denis et maire de
Sevran; Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre et
secrétaire national du MRC; Jean Lojkine, sociologue;
Frédérique Matonti, politologue; Sylvia Pinel, députée PRG du Tarn et Garonne; Vincent
Peillon, député européen; François Rebsamen, sénateur
et maire de Dijon; Ivan Renar, sénateur du Nord; Bernard
Vasseur, philosophe; Pierre Weill, ancien
président-fondateur du groupe Sofres.
A l’occasion du FRONT BLANC PS/Modem, aux municipales partielles d'Aix-en-Provence, suite de mes échanges avec Jean Peyrelevade, avant congés:
Je reprends la main que vous me tendez:
-”Rassurez-vous, cher Hadrien(s), je n’invente pas une solution toute faite. J’ai bien une fonction-objectif que, à votre différence, je vais expliciter pour vous…
Je vous propose donc de maximiser, sous contrainte de ressources naturelles afin de respecter l’environnement, la somme actualisée des consommations agrégées des seuls ménages, jusqu’à l’infini. On peut difficilement être plus favorable aux “individus qui composent la société”.
C’est bien ce que je pensais:
Votre objectif, c’est la consommation maximale possible…sous contrainte des ressources naturelles, évidemment. C’est l’objectif du trader londonien, tempéré par le politiquement correct (pour rassurer Corinne Lepage). Votre variable utilité se confond avec la quantité consommée de …n’importe quoi!
Mais quand comprendrez-vous que le bien-être en ce bas monde dépend moins des quantités consommées, que de la manière d’en profiter et de les partager:
Aujourd’hui, les jeunes ménages s’épuisent à courrir aprés l’argent en travaillant à deux, négligeant l’éducation et l’équilibre de leurs enfants (sous-cultures, mal bouffe) quand ce n’est pas leur propre existence (divorces, éloignement des ascendants).
Pour l’ONU, l’OMS et l’Unesco, l’éducation, la nourriture et la santé sont les premiers biens de l’humanité, mais cela ne se mesure pas en consommation: allons-nous inciter nos juniors à redoubler pour consommer le plus de classes possibles, nos estomacs à ingurgiter le plus de caviar possible, nos seniors à tomber malade pour consommer le plus de services possibles à l’hopital?
Vous voyez bien que la fonction d’utilité… a son utilité!
Si l’on veut bien interroger les représentants de la stochocratie comme je l’évoquais, on aura peut-être alors la réponse à ce veut l’Homme, et une vraie politique économique…à hauteur d’homme!
Vous poursuivez par ce que je traduit en langage micro-économique des ménages:
“Si on s’investit trop, nos économies croîent très vite mais on ne consomme jamais assez pour en tirer tout le bénéfice. Si on s’investit peu, on a un taux instantané de consommation par rapport à notre revenu qui est très élevé (c’est une lapalissade) mais, avec un taux de croissance faible de nos économies, le niveau absolu de consommation atteint après quelques années est beaucoup plus bas que si l’on s’investissait davantage.”
Vous avez bien raison d’en appeler à Lapalisse, parce que ça… mon arrière grand-mère le savait déjà! Et pas besoin de l’équation de bilan entrées-sorties pour s’en apercevoir!
Or, je vous rapelle ma remarque à ce sujet:
“A la veille de la crise, dont les comptes 2009 ne sont pas encore faits, la France était la moins endettée des quatre grands pays de l’UE (Allemagne juste devant elle, GB ensuite, et Italie loin devant au delà de 100%). Ajouter à celà qu’elle était le pays le plus “épargnant” avec un taux dépassant 15% !”
Et ne nous parlez pas de nos avantages sociaux, de nos services publics, etc. C’est inclus dedans! Nous sommes donc le contraire des “cigales” que vous fustigez!
Qu’aprés la crise financière, tout nos acquis puissent être remis en cause, de par l’endettement et le chômage subitement accrus, c’est malheureusement à craindre!
Mais qui aura dilapidé ainsi le travail humain (on parle de dizaines de milliers de milliards de dollards partis en fumée, par dilapidation d’actifs financiers dans le monde)? Ce sont les banques et leurs départements d’affaires, au premier rang desquels leurs responsables, les grands patrons!
Je pense donc qu’il est inconcient ou cynique de votre part de crier, comme vous le faites encore ici: sus aux ménages, ce sont eux les fautives cigales!
Aprés la dernière guerre, à la Libération, le Général De Gaulle et ses alliés communistes ont nationalisé tout le secteur bancaire, ce qui fut d’autant plus justifié qu’il avait collaboré avec l’ennemi. Il en fut également ainsi de grands industriels comme M. Renault. La période qui s’en suivit fut qualifiée de “trente glorieuses” (1945-1974), avec une croissance supérieure à celle des Etats-Unis, sur la base des acquis du Front Populaire et de la Libération réunis.
Mieux: aprés le retour du pouvoir gaulliste jusqu’à la fin de la période sus-dite, la France connut la même croissance, avec une politique de grands travaux dans le secteur nationalisé au détriment de la Bourse, De Gaulle s’interdisant de gouverner “à la corbeille”.
L’arrivée au pouvoir de Giscard d’Estaing (UDF, ancêtre du Modem)en 1974, et l’entrée du Royaume Uni dans l’Europe qui l’avait précédée de peu, sonnèrent le glas des “trente glorieuses”. Et qu’on ne nous dise pas que la faute en incombe au premier choc pétrolier, car les Etats Unis continuérent à connaître la même croissance, la notre passant simplement en dessous, pour s’affaiblir encore davantage à chaque élargissement européen, contrairement aux prédictions libérales d’un grand marché profitable à tous!
Aujourd’hui, les lobbies présents auprés de l’OMC, sous la houlette du trés libéral et trés catholique Pascal Lamy, nous enfoncent encore un peu plus: l’élargissement de l’Europe libérale ne leur suffit plus pour la “concurrence libre et…trés faussée” des pays à bas salaires et sans protection sociale. La Chine est le nouvel Eldorado, qui permettra longtemps, vu la masse paysane d’un milliard en réserve, de faire peser une pression autrement plus efficace sur ces “salauds de ménages” qui font de la résistance en France!
Il est grand temps de “se libérer des libéraux” dont l’idéologie est non seulement sans fondements réels, ce qui a toujours été le cas, mais entraine nos pays vers une catastrophe sociologique bien plus sûre et plus rapide que les deux ou trois degrés de réchauffement, d’ici la fin du siècle, qu’on nous décrit comme catastrophe écologique!
CONCLUSIONS…provisoires
Il est temps, aprés tous nos points de désaccord, que je rende justice sur l’essentiel à Jean Peyrelevade:
Sa dernière proposition:
“maximiser, sous contrainte de ressources naturelles afin de respecter l’environnement, la somme actualisée des consommations agrégées des seuls ménages, jusqu’à l’infini” (sous réserve d’une pondération temporelle qui efface l’effet de la durée infinie T)
a le mérite de poser le problème de la manière “sociale” qui m’agrée:
C’est l’optimisation d’un unique critère collectif de type Paretien, formulation qui est bien de type coopératif (plus exactement “coopération conflictuelle”, comme on dit en économie)
Mes sévères remarques ont porté sur l’incomplétude de l’objectif consommation qui doit être remplacé par l’objectif économique bien connu qu’est l’utilité, dont je détaille ici l’importance des implications:
L’utilité est une fonction scalaire qui peut avoir pour arguments les consommations en particulier, mais aussi tout ce qui n’est pas réductible à une consommation.
Ainsi, le temps libre, qui fut un argument pour la Gauche, a bel et bien une utilité ou “valeur” qui n’apparait pas dans la consommation bien qu’elle conditionne le bonheur présent et l’avenir (loisirs, éducation familiale, etc.). De même, la culture ne saurait se réduire au nombre de livres achetés ou d’oeuvres d’art possédées (bibliothèques et musées sont là pour y pourvoir de manière collective). Etc.
On rejoint bien là ce que j’évoquais au début de ces échanges: l’optimisation d’un “épanouissement collectif”, ou BNB (bonheur national brut) déjà évoqué par d’autres.
Ce remplacement de l’ expression “consommations agrégées” par l’expression “utilités agrégées” a une conséquence importante en démocratie, ou tous les individus (ou ménages) sont égaux en droit:
Si l’utilité, peut s’édicter de manière trés différente selon chacun, l’étendue de ses valeurs doit avoir une limite (pour éviter l’ambiguité de l’infini) identique pour tous (pour l’égalité en droit). Sans cela, un Antoine Zacharias, qui conclut son année de départ de la société Vinci par 274 millions d’Euros, pourrait peser 20 000 fois ce que pèse le salarié au smic dans le critère d’optimisation. C’est bien ce à quoi aboutit l’idéologie libérale de l’enrichissement global maximum (”La richesse des nations”).
Or, la satisfaction pour Antoine Zacharias, qui en avait vu d’autres, d’empôcher 274 millions à son départ, n’est guère humainement supérieure à celle du smicard dont on doublerait (ou triplerait, etc.) le salaire, elle-même sans doute inférieure à celle du chômeur longue durée qui trouverait enfin un emploi salvateur pour lui et sa famille.
D’où, comme je le notais, l’utilité…des fonctions d’utilité, au lieu de la consommation qui nous ramènerait au PIB.
Avec cette définition raisonnée, on commence à comprendre pourquoi le classement mondial des nations en fonction du “bien vivre”, (à cet égard, la France figure au tout premier rang, selon les sondages éffectués), ne correspond en rien à celui du PIB par tête, ni de la richesse cumulée.
Cette démarche a un mérite, concernant l’aspect dynamique temporel:
Dans toute perception animale ou humaine (et la sensation de bien-être ou de bonheur en est une), les biologistes ont remarqué que l’effet rendu par la variation de la cause est de type logarithmique. Ainsi a-t-on inventé l’unité logarithmique qu’est le deciBell. Bien connu en perception acoustique, on la retrouve en probabilité pour définir la vraisemblance (ce qui n’est pas sans lien avec notre propos).
Pour Don Juan, comme pour tout être humain, le bénéfice d’une Nième conquête ne saurait se comparer que logarithmiquement au souvenir de la première (aux variations aléatoires prés de l’échantillon en cause).
Il en va de même, sans doute, avec “le progrés” et les conquêtes technologiques qu’il implique. La progression semble accélérée, mais le logarithme sus-dit de leur perception nous ramène probablement à de plus justes proportions quant à leurs bénéfices.
On peut donc présumer que leur accumulation intervient également de manière logarithmique dans la fonction d’utilité qu’en perçoivent les humains.
Si, donc, comme le conçoit Jean Peyrelevade, l’effort et la jouissance doivent être mis en balance dans une perspective temporelle, leur valeur actualisée doit en tenir compte, d’autant qu’un second effet s’y rajoute:
Outre l’effet logarithmique sur les amplitudes, les systèmes biologiques sont rarement réversibles et présentent une hystérésis: le chemin parcouru dans un sens n’est jamais le même qu’en sens inverse. En clair, la décroissance n’a pas des conséquences symétriques de celles de la croissance.
Ainsi, l’évolution d’une population en auto-subsistance, comme ce fut le cas pour la Chine rurale, vers de nouvelles conditions de vie convoitées, a pu s’effectuer par la force des choses. A l’inverse, un retour forcé de nos populations en sens inverse, aussi court soit-il, aurait des effets catastrophiques, et produirait des familles SDF, plus massivement encore que ce n’est le cas actuellement aux USA, suite à l’insolvabilité des “subprime”.
Cette irreversibilité a une conséquence sur l’aspect, non plus temporel tel qu’évoqué par Jean Peyrelevade, mais spatial:
L’agent socio-économique connaît une évolution dans le temps, mais se trouve également distribué à la surface de la terre, dans des conditions sensiblement différentes. Contrairement aux molécules d’un gaz qui ont une énergie réversible, la température, les agents socio-économiques doivent être traités en fonction des attendus sus-dits.
C’est dire si sont irréfléchis les actes dénoncés dans mon précédent message, de ceux qui ont imposé l’idéologie de la globalisation à marche forcée, à l’ Europe tout d’abord, mais surtout au Monde.
A la lumière de ces réflexions, sans doute Jean Peyrelevade pourra-t-il comprendre pourquoi j’attendais tout autre chose de son dernier livre (Sarkozy: l’erreur historique), ainsi que de son ambition actuelle sur la blogosphère (La refondation…).
Rédigé par : Hadrien | 20 juillet 2009 à 01:59
au fait, bon anniversaire quand même(...en retard...);;;;;;
attention à ce que vous dites si vous ne voulez pas recevoir de lettre désobligeante...
Rédigé par : tonpartitulèmeoutulekit | 16 juillet 2009 à 15:31
@ tous ceux que ça intéresse...la suite:
Pour comprendre l'objet du litige, il faut se rendre sur le site de J.Peyrelevade, "La refondation du capitalisme".
Quand on veut fonder ou refonder un système politique construit par l'homme, il faut un objectif.
Quand les ingénieurs construisent un avion, ils ne se chamaillent pas pendant des lustres pour savoir combien d'ailes, de réacteurs, de passagers, etc. Ils ont un critère.
Celui de la politique est évidemment socio-économique, mais comment le définir et le satisfaire de manière optimale?
Les libéraux prétendent qu'il suffit de jeter les agents économiques dans un système non-coopératif (marché) d'échanges fondés sur "l'enrichissement individuel", et que l'on va ainsi atteindre un optimum, mais l'optimum de quoi, en quel sens?
Indépendamment de cela, l'analyse mathématique des systèmes montre que, quelque soit le critère retenu, une solution non-coopérative est toujours dominée par la solution coopérative.
Le marché n'est donc pas le veau d'or que décrivent les libéraux, et qu'ils ont fait avaler aux sociaux-démocrates.
P.Moscovici et DSK devraient, comme J.Peyrelevade, améliorer leurs ...fondementaux en Maths!
A preuve, en ce soir de 14 juillet, les derniers feux d'artifice pour J.Peyrelevade et ses sbires:
” Encore une fois, la pensée-réflexe …pour justifier l’idéologie, en développant une argumentation érronée, par ignorance :
J’étais à l’Université de Berkeley lorsque le débat entre coopératif / non-coopératif et centralisé / non centralisé battait son plein entre le M.I.T. et la sus-nommée, concernant l’Optimisation des Grands Systèmes.
Ce fut avec quelque déception que tous avaient du convenir de la mise en oeuvre la plus simple pour la solution optimale du jeu coopératif à N joueurs: elle consiste toujours à s’en remettre à un “centralisateur”, qui calcule la solution coopérative pour tout le monde …et la communique aux N joueurs. On obtient ainsi une complexité en N.
Dans le cas décentralisé qu’évoque le libéral forcené, le coût de complexité est en N au carré, car chaque joueur doit calculer la solution optimale globale dans son coin, pour en extraire “sa” politique de commande, d’où l’inanité de la remarque… sur l’équivalence des deux (ou, pire, l’”avantage” de la main invisible), car la valeur de l’optimum est la même, mais pas le coût ni la difficulté de mise en oeuvre!
Ceci, pour le cas de la rationnalité parfaite de tous les joueurs (et en constatant avec satisfaction que notre interlocuteur a abandonné la solution non-coopérative, ou équilibre de Nash, qui est le fondement de l’économie libérale).
Plus instructif est le cas réaliste d’un univers incertain, où l’on affecte des aléas à la dynamique de chaque joueur, ainsi qu’aux informations bruitées qui leur parviennent.
C’est le cas “random” qu’éffleure par ce mot notre interlocuteur.
Dans cette situation, le centralisateur doit mettre en oeuvre le “filtre” fournissant l’estimé optimal de la dynamique globale, soit à nouveau une complexité en N.
En revanche, le cas décentralisé révèle une différence incommensurable (au sens propre) bien connue, qui se résume ainsi:
Dans un premier temps, les joueurs décentralisés doivent chacun mettre en oeuvre leur estimé optimal à partir de leurs propres informations bruitées, qui sont différentes.
Ceci fait, on constate alors que chaque joueur se trouve face à N -1 joueurs, chacun augmenté de son “filtre”, soit une complexité sensiblement double (dans le meilleur des cas, à dynamique linéaire). Chaque joueur doit alors “filtrer” en complexité 2N-1.
Ceci étant le cas de tous, ils se trouvent alors dans la necessité de passer à 3N-1, etc.
Par passage à la limite on montre ainsi que la solution mathématique existe formellement mais est de dimension infinie, donc irréalisable physiquement .
Encore n’est-ce pas tout: l’optimum ainsi atteint reste toujours inférieur à l’optimum “centralisé”, contrairement au cas précédent d’un univers purement déterministe.
En empêchant la “centralisation”, on a dégradé l’optimum en un sous-optimum qu’on a lui même rendu inatteignable…Bravo l’artiste ! (comme dit Jean Peyrelevade dans son livre)
Dans les deux cas… la “cathallaxis” hayekienne du libéral forcené tombe à l’eau!
Le lecteur curieux de ces résultats généraux sur l’analyse des systèmes pourra consulter à ce sujet les articles publiés, par exemple, par IEEE (Automatic Control) durant les “seventies”. Ils ont conduit à la conclusion de la “ruine du joueur”, d’une façon inattendue: c’est la non-centralisation de l’information qui provoque l’escalade. L’information doit donc être intégrée dans la formulation coopérative. Au total: nécessité de l’Etat centralisateur pour mettre en oeuvre la solution optimale.
Les russes ont évidemment étudié les mêmes choses, dans un cadre plus général (non-linéaire).
Cela n’a donc pas grand chose à voir avec les régimes respectifs évoqués, tout aussi éloignés, l’un et l’autre, de la mise en oeuvre de l’optimum…par idéologie.
C’est d’ailleurs pourquoi tous les “prix Nobel d’économie” aprés Friedman furent “régulationnistes”, quelle que soit leur nationalité.
Au passage, les “économistes politiques” feraient mieux de respecter ces résultats généraux de l’Analyse Mathématique des Systèmes, au lieu de brandir une solution toute faite, parcellaire et bricolée, à chaque problème qu’ils rencontrent, avec un mélange de démagogie et de prise d’intérêts!
Et les citoyens seraient bien inspirés de s’assurer d’une démocratie directe, pour le respect de leurs desiderata collectifs!
(cf http://etienne.chouard.free.fr/Europe/)
A ce sujet, concernant les Athéniens (qui n’ont certes pas eu leur Victor Schoelcher), leurs esclaves étaient, comme chacun sait, des prisonniers de guerre appartenant à d’autres cités, ce qui les excluait de la citoyenneté athénienne.
En somme, notre interlocuteur s’insurge en invoquant les victimes de la guerre du Péloponnèse , il y a deux millénaires et demi, mais ne trouve rien à redire sur celles de la guerre libérale économique que s’entête à nous imposer l’oligarchie d’aujourd’hui.
L’oligarchie, je la comprends…elle fait partie des bénéficiaires, et mettre au clair cette économie coopérative mettrait à bas ses privilèges, comme 1789 mit à bas ceux de l’aristocratie!
Les autres, je les comprend moins…sauf à considérer qu’ils se croient eux-mêmes bénéficiaires ou coupables de ne pas l’être? Car c’est tout l’objet de la main mise sur l’éducation et les médias, que de continuer à le leur faire croire, par les temps de disette qui se profilent dans nos pays “développés”. L’oligarchie, qui y a bâti sa prospérité, nous explique à l’envi que nous le sommes trop! Elle veut porter les ressources que nous lui avons donné (investissements, technologie, etc.) là où d’autres sont encore exploitables à moindres frais, non pour les élever à notre niveau (ce qui perdrait tout intérêt ),mais en nous mettant au même que le leur!
Ce n’est pas autre chose que le discours tenu aujourd’hui par Jean Peyrelevade, en dépit de la réalité:
A la veille de la crise, dont les comptes 2009 ne sont pas encore faits, la France était la moins endettée des quatre grands pays de l’UE (Allemagne juste devant elle, GB ensuite, et Italie loin devant au delà de 100%). Ajouter à celà qu’elle était le pays le plus “épargnant” avec un taux dépassant 15% .
Mais celà n’empêche pas Jean Peyrelevade de nous qualifier de “cigales”!
Comme disait Monsieur Barre, lui même fort bien garni de sa personne, “il faut que les français maigrissent”! Il était par ailleurs libéral dans l’âme, catholique fervent, et … farouche partisan de la peine de mort! (j’espère pour Jean Peyrelevade que la comparaison s’arrête avant)
Rédigé par : Hadrien | 15 juillet 2009 à 01:07
@ Vens, Selene, Amelle et les autres...
Je continue volontiers à alimenter ce blog d'un copié-collé de mes réflexions, à toutes fins utiles.
Dans un registre moins politique, Jean Peyrelevade dialogue lui-même avec ses interlocuteurs sur son blog "Refondation du Capitalisme", mais le site du Modem, dont il est vice-président, est en revanche beaucoup moins démocratique... Ainsi, les propres extraits de son livre (que j'avais rappelés), sont censurés par le site du Modem, car ils dévoilent trop combien la ligne politique de ses dirigeants est à droite.
C'est dans le même esprit que je titille ici le PS, dont je ne désespère pas qu'il ouvre un peu les yeux sur la politique de gribouille qu'est la social-démocratie.
A preuve, mes derniers échanges avec J.Peyrelevade:
- J.Peyrelevade:
Nous avons mis en place une économie d’échanges fondée sur le désir d’enrichissement individuel, mais nous avons laissé s'y développer des mécanismes d’agrégation des cupidités individuelles
Est-ce là une thèse libérale ? Je ne crois pas. Socialiste ? Pas beaucoup plus. Comment Hadrien va-t-il la qualifier ?”
- Hadrien:
Je la qualifierai de….” sociale-démocrate,…du rapiéçage, aprés coût!” Plus précisément, je ferai les remarques suivantes:
Accepter une “économie d’échanges fondée sur le désir d’enrichissement individuel” me semble devoir conduire sans surprise à “des mécanismes d’agrégation des cupidités individuelles”.
La suite de mon échange avec Jean Peyrelevade, rend justice à une question plus interessante:
- J. Peyrelevade:
4/ A cet égard, je serais très curieux de voir Hadrien formaliser son critère d’épanouissement collectif, sa définition de “l’art de vivre ensemble”. Et nous communiquer ses premières tentatives de modélisation. Car, une fois de plus, il n’y a pas d’économie, ni de politique de commande optimale, sans représentation, sans modélisation.
- Hadrien:
Je m’appuierai pour cela, afin que nous ayons un contexte mathématique commun sans qu’il soit besoin (et surtout possible) de le reproduire ici, sur un auteur qui lui est sans doute familier:
Marc Albouy, qui enseigna l’économie à l’X, tout comme lui.
Son ouvrage de microéconomie mathématique sur “la régulation économique” (Tomes I et II), présent dans ma bibliothèque depuis sa parution (1972), a l’avantage de bien mettre en évidence (Chapitres 11 et 19):
- la formulation non coopérative (équilibres de Nash-Cournot, notamment)
- la formulation coopérative (équilibres de Pareto, notamment)
des systèmes conflictuels (jeux differentiels) que sont les systèmes économiques.
La version non-coopérative (libérale) correspond à la seule considération du “désir d’enrichissement individuel” de chacun des joueurs. J’avais écrit, à ce sujet:
“lacher dans le terrain de jeu (”level playing fied”) des désirs individuels n’a jamais garanti un équilibre global (ex: cycles limites, etc.), encore moins une quelconque optimalité souhaitable, même en théorie des jeux dynamiques!”
ce qui veut dire:
Outre le fait qu’aucun théorème d’existence ne garantit un point d’équilibre de Nash-Cournot immobile, cet équilibre est un sous-optimum global, au sens de Pareto.
En effet:
La version coopérative la plus simple (coalition commune) met immédiatement en évidence des stratégies dominant l’équilibre non coopératif, en ce sens qu’elles sont préférables pour le revenu (plus généralement l’utilité) de chacun des deux joueurs, et en particulier d’un quelconque en vertu de la définition.
(C’est le fameux “paradoxe des deux prisonniers” qui s’empêchent mutuellement d’être libérés, s’ils ne coopèrent pas).
Il est bien connu que la difficulté n’est donc pas l’amélioration de la solution libérale (on vient de voir qu’il y en a plusieurs), mais plutôt d’en définir une seule.
Dans tous les traités d’économie, cela se fait par combinaison linéaire convexe des utilités élémentaires ( de chaque joueur), de façon à optimiser une utilité globale et non un vecteur d’utilités, qui n’est pas un ensemble totalement ordonné. Malheureusement, cela ne fait que reporter la difficulté sur le choix des coefficients de la combinaison, ce qui n’a rien d’étonnant: c’est tout le problème du choix du critère collectif dans le “vivre ensemble” évoqué plus haut.
J’avais soulevé ce problème par avance, en disant (à J.Peyrelevade):
“on édicte un critère prenant en compte tous les agrégés d’intérêts divers”, ce qui veut dire, en clair: on se pose vraiment la question de savoir si ces intérêts divers peuvent se résumer aux quantités d’argent que chacun possède!
On s’aperçoit alors que non: Certains de ces “agrégés d’intérêts” ne se décomposent même pas de façon individuelle (en langage pédant: l’agrégation n’est pas additive, et ne peut donc se ramener à une somme de termes individuels). Il ne s’agit pas là d’une finasserie mathématique. La plupart des joies de notre existence sont de ce bois-là: les relations humaines, l’accés à la nature, la culture, etc.”
et, à l’intention du libéral forcené:
“C’est ce “welfare” généralisé, que certains traduisent par BIB (bonheur intérieur brut), dont je dis qu’”Il n’est en rien un objet de connaissance mais, pour le coup, de désir (il ne dépend que de nous)” au sens démocratique de ce terme, bien entendu.
Les Athéniens déjà évoqués l’avaient bien compris, qui tiraient au sort leurs 500 représentants au conseil (notre assemblée) afin de ne pas biaiser les desiderata des citoyens par l’élection, sujette à l’état de fortune ou, inversement, la corruption passive ou, plus simplement, la démagogie. Seul, l’exécutif (notre gouvernement) avait des membres élus (pour garantir une compétence) et seulement pour moitié, parmi ceux tirés au sort! Ces principes aléatoires font l’objet actuellement d’un regain d’intérêt chez les vrais démocrates (cf site d’Etienne Chouard).”
On a donc vu que seuls les citoyens eux-mêmes peuvent décider de l’”utilité globale”.
J’avais ajouté: “Je ne dis pas que ce “welfare” généralisé est facile à définir”, rappelant à ce sujet, au risque d’être scolaire, que tout cours d’économie (plus) élémentaire montre “comment, par la théorie des substitutions et des préférences, on est capable de ramener n’importe quoi, fut-ce immatériel, à une valeur quantifiée”.
Evidemment, les plus forcenés (ou les plus naifs) tombent dans le piège de l’argumentation à deux sous: “je met au défi n’importe qui de quantifier la valeur d’une année de vie!”
Demandez donc à Achille comment il fit lorsque les dieux de l’Olympe lui demandèrent: préfères-tu une vie longue et banale ou une vie courte et glorieuse?
Le forcené, lui, n’hésite pas: …je ne désire qu’une chose, dira-t-il, la richesse!
Puisqu’Achille tomba rapidement sous la flèche d’Hector, il est bon de rappeler à ce propos la sagesse des anciens qui connaissaient le dicton:
Lorsque les dieux veulent vous punir, ils exaucent vos prières…!
Rédigé par : Hadrien | 14 juillet 2009 à 23:17
il est dommage que l'on ne puisse
pas savoir le nombre de sections socialistes qui n'existent plus faute de militants et le nombre d'anciens militants qui ont recu la lettre de martine aubry,ceci pour dire que notre parti a depasse le stade du coma depasse et que le role de mme aubry est de l'accompagner le moins mal possible jusqu'a sa fin programmee!
3 issues sont envisageables,soit
laisser le ps disparaitre avec mme aubry et mr hamon,soit que les renovateurs derriere vincent et valls en prennent la tete,soit que nous allions voir ailleurs!
je suis par ailleurs persuade que bcp de dirigeants socialistes ont
integre l'idee que pour 2012 c'etait deja foutu et que le seul objectif actuel doit etre de sauver ce que l'on pourra aux regionales!
c'est vrai que d'1 parti qui ose mettre en page d'accueil de son site "les umperles",ca c'est de la politique argumentee,on peut s'attendre a tout!
Rédigé par : melun | 14 juillet 2009 à 17:55
Il faut être aveugle (ou sourd) pour ne pas percevoir que les déboires croissants de notre économie et de notre société sont dus à la globalisation libérale à outrance, qu'elle soit mondiale ou européenne. Il ne se passe pas un jour sans qu'on apprenne une délocalisation de plus, car Pascal Lamy et ses copains comme DSK ont tout fait pour: les lobbies à Bruxelles et à l'OMC soutiennent des intérêts libéraux transnationaux qui ont un pied dans chaque continent, et transfèrent massivement nos richesses (savoir-faire, capitaux, etc.) là où l'exploitation est à profit maximum. Et les sociaux démocrates européens n'ont même pas la lucidité de dire: "Concurrence non faussée?...mais appliquons donc le principe: la concurrence par des pays exploités à bas coût et sans protection sociale, c'est la concurrence la plus faussée qui soit!"
La crise "financière" a même origine: les "subprime" ne datent pas d'aujourd'hui et leur "bulle" a couvé pendant de nombreuses années. Ils furent conçus avant même les années 2000, en une période de croissance faste aux USA que n'avait pas encore minée la mondialisation. Aussi, les banquiers établirent des contrats d'emprunts hypothécaires fortement indéxés sur la croissance attendue des ressources du titulaire et, de façon plus scélérate, sur celle du marché immobilier en cas de saisie pour insolvabilité. Comme toujours, le "désir d'enrichissement" du banquier primait sur tout le reste: gagnant dans tous les cas. Ce qu'ils n'avaient pas prévu arriva: l'éssoufflement de l'économie US minée par "la concurrence libre...mais faussée" des pays émergents, et les frasques additives de Bush junior, entraînèrent ET la faillite des ménages endettés suite au chômage, ET la chute du marché immobilier exempt de clients!
C'est bien la faillite logique de tout le système libéral actuel, et non un simple accident.
Face à cela, voilà le type de réponse typique:
Lu sur le Blog P.Moscovici - 10 juillet 2009 at 11:39 :
"Infléchir les effets du marché pour mieux gèrer plus justement la croissance, n'est sans doute plus suffisant. L'accompagnement des chomeurs jusqu'à leur retour dans le circuit fait aussi partie des besoins immédiats.
Reste une question difficile.Comment gérer moins de croissance ou pas de croissance ? ça sera terrible, mais qui d'autre que la socdem peut le faire ?"
En effet, on entend un DSK nous dire: c'est rien, il suffit de "nettoyer" les comptes des banques (à nos frais, bien entendu), et ça repartira comme avant...!
Il est vrai qu'il y a pire: ceux qui disaient "ça va repartir tout seul", et qui sont déjà démentis par l'échéance qu'ils donnaient (l'"économiste" Jacques MARSEILLE est de ceux-là).
Quant à Jean PEYRELEVADE, le mentor économique du Modem, interpelé par mes remarques sur son blog ("La refondation du capitalisme"):
"L’objectif de la plupart des humains n’est pas de vivre éternellement une course de lévriers aprés un leurre, où le plus éfflanqué arrive le premier, surtout lorsque c’est pour engraisser des parieurs en tribune (dont Mr Peyrelevade, à ma connaissance et sauf mon respect, fait encore partie. On pourrait en dire autant de DSK et Pascal Lamy).
On conçoit aisément qu’il puisse en aller ainsi pour les peuples de pays dits émergents, afin de rattraper leur retard, ceci étant facilité par le “gradient favorable” qu’offre un environnement de pays plus développés. Je parle de gradient pour plus d’analogie avec la thermodynamique où l’on sait comment cela finit: par égalisation des températures à l’équilibre, en vertu du théorème entropique ou second principe. L’analogie ne s’arrête pas là: lorsque le gradient est trop fort entre les éléments d’une pièce élaborée (joints, soudures, etc.), la piéce casse!
C’est exactement ce qui va se passer avec la mondialisation (et même l’Europe) si l’on explique aux français qu’il leur faut rapidement régresser au même niveau que ceux que leurs patrons ont trouvé plus rentables à exploiter, ce qui s’appelle le nivellement par le bas!"
”Dans son livre dont le dépôt légal est Août 2008, soit quelques mois avant que n’éclate au grand jour la crise 2009, due à la bulle des “subprime”couvant depuis des années, J.Peyrelevade ne trouve surtout rien à redire à la gestion des banques dont il fut l’un des grands responsables durant cette période!",
il me répond:
“A quoi cela sert-il de me considérer comme l’un des responsables de la bulle des “subprime”? A l’époque, j’ignorais le mot lui-même et vous aussi sans doute”
Outre le fait que cette bulle existait depuis longtemps, un ancien grand banquier ne pouvait pas ignorer l’existence de la bulle des “subprime” à l’été 2008, puisqu'à qu’à cette date, comme évoqué dans l’émission (Science et conscience sur France Culture du 25 Juin):
Jean Luc Gréau faisait le procès de « la prise de pouvoir par la vulgate néo-libérale » ; la crise financière de l’été 2008 était selon lui porteuse d’une « crise systémique » aussi ravageuse que le krach de 1929. La crise des crédits hypothécaires à hauts risques, dite crise des « subprimes », résultait à ses yeux d’une fuite en avant du système économique provoquée par le « surprofit financier ». (Texte paru sur le site de Marianne)
Il n'est pas ininterressant d'écouter la suite des propos de J.Peyrelevade:
"Pour éclairer Hadrien, je voudrais vous donner ici les lignes directrices de la thèse que je vais défendre : nous avons mis en place une économie d’échanges fondée sur le désir d’enrichissement individuel. Mais nous avons laissé s’y développer des mécanismes d’agrégation des cupidités individuelles qui, prenant un caractère institutionnel, frappent l’ensemble du système d’une extrème fragilité. Le seul moyen d’endiguer cette évolution serait de fabriquer un vrai contre-pouvoir capable chaque fois que nécessaire de faire prévaloir l’intérêt collectif contre les agrégations de cupidité individuelle."
Je répondais à ce sujet à Jean Peyrelevade, sur son blog:
"La thèse initiale telle qu’annoncée par J.Peyrelevade (”fondée sur le désir d’enrichissement individuel”) est bien libérale. Les rapiéçages n’y changent pas grand chose, ou superficiellement : ça devient la thèse sociale-démocrate (où, comme ironise Melenchon,…c’est la guerre mais avec la Croix Rouge pour soigner les grands blessés).
Pas mal de monde est déjà sur les rangs… Prière de ne pas encombrer le paddock!"(suivez mon regard)
Dans tout système logique, lorsque l’on veut changer de théorie, on ne peut changer aucun des théorèmes sans changer un ou plusieurs axiomes, car les théorèmes sont indissociables de l’axiomatique choisie.
En somme, lorsque l’on refonde, on change la fondation!
Or, l'éternel sujet des sociaux-démocrates c'est de changer le capitalisme, tout en gardant le même axiome de fondation ”le désir d’enrichissement individuel” qui le caractérise comme jungle économique, ce qui est évidemment impossible. C’est oublier que l’on est passé, dans l’Histoire, de la jungle primitive fondée sur “le désir de survie individuelle” à la notre, par un “contrat social” effaçant l’axiome de survie individuelle, et permettant des lois sociales coopératives aujourd’hui acquises.
De la même façon, on ne pourra passer de la jungle économique à un nouveau système (qui aura lui aussi ses propres aspects individuels) que par un “contrat socio-économique” effaçant l’axiome du "désir d’enrichissement individuel", et permettant des lois économiques coopératives. C’est cette démarche (itérative) qu’on appela en 1830 le “socialisme”, nom donné par le français Pierre Leroux par référence, sans doute, à la première étape (sinon, on l’aurait appelé "l’économisme", ce qui n’eut pas été illogique comme appelation).
Les tenants du “désir d’enrichissement individuel” ressemblent donc aujourd’hui à ceux qui, dans leur jungle primitive d’autrefois, n’imaginaient pas autre chose que leur propre condition pour avenir de la condition humaine, jusqu’à la fin des temps. Leur liberté première, celle de tuer ou de dérober son semblable, leur semblait précieuse et n’avait de limite que le pouvoir (inégal) des autres, le tout dans un gaspillage d’énergie globale considérable.
Les mêmes arguments s’entendent aujourd’hui, de la bouche des libéraux, sur la liberté d’exploiter ou d’être exploité par son semblable, comme étant la chose précieuse à préserver, même si celle-ci conduit à une sous-optimisation globale manifeste de la société.
J’imagine volontiers certains de mes interlocuteurs assez perspicaces pour y avoir réfléchi eux-mêmes.
Mais la réflexion s’arrête généralement lorsqu’on en vient à parler concret: vous n’y pensez pas, ça ne peut pas marcher, à cause des voisins (la sacro-sainte compétitivité!).
Nous serons d’utopiques sans-soucis face à d’industrieux guerriers qui nous écraseront!
On pensait aussi cela lorsque les monarchies européennes rassemblèrent leurs armées aguerries pour attaquer à Valmy nos utopiques sans-culottes…
On ne songe jamais à ce que peut libèrer comme forces, en sociologie et en économie, tout comme en physique, un changement de phase…
J'ai retrouvé ce même conservatisme dans la bouche de mon interlocuteur:
Jean Peyrelevade:
“Car enfin, toutes les économies d’échanges connues à ce jour…sont toutes fondées sur le désir d’enrichissement individuel…Est-ce que je me trompe ? Y a-t-il des contre-exemples ?”
Hadrien:
Il en est au moins un, en effet, et non des moindres, qui vous échappe: celui des échanges auxquels nous nous livrons, en ce moment même, par Internet.
Voila une économie d’échanges , originellement de données entre laboratoires, qui fut concue et mise en place sans “désir d’enrichissement personnel”, avec pour seul souci l’accomplissement d’un objectif collectif, et qui s’est étendue au monde entier en gardant l’essentiel de ses précieuses qualités.
Si l’on avait confié ce grand dessein à un pool d’économistes libéraux, nul doute qu’ils eussent conçu un système de brevets sur la conception, ainsi que de redevances trés compliquées sur les acheminements, etc. (il y a, bien sûr, une économie libérale classique que peut véhiculer Internet, mais c’est une autre question).
Autre exemple, de mon domaine: les résultats scientifiques. Ils sont d’autant moins monnayables par leur inventeur que leur importance et leur champ d’application sont grands. Ainsi en va-t-il des “découvertes” qui concernent la nature. La plupart des scientifiques (ex: physique des particules) y sont payés à plein temps, et assument leur tâche avec pour principal moteur le désir de reconnaissance, voire de perennité.
On ne peut pas breveter une “découverte”, contrairement aux “inventions” d’artefacts. On ne peut pas, non plus, “commander” une découverte, ni même une invention, quel qu’en soit le prix!
C’est d’ailleurs interdit par le code des marchés qui ne reconnaît, en matière de contrats de recherche, que des exigences de moyens et non de résultats.
Espérons que les visées anglo-saxones à ce sujet, sur le vivant, seront stoppées à temps…
Un dernier exemple, plus banal, mais tout aussi important: l’économie familiale.
Un ménage (autrefois une famille de plusieurs générations) peut vivre sous le même toit, avec des taches à accomplir, sans qu’il y ait “désir d’enrichissement personnel” de chacun de ses membres le disputant aux autres, mais plutôt “désir d’épanouissement collectif”… Et ça semble marcher!
Quitte à refonder, il serait bon d’y penser!
Remarques:
Jean-Luc Gréau est un économiste “tendance Chevènement” dont l’ouvrage 2008 cité, à peine postérieur à celui de Jean Peyrelevade, met en lumière des solutions à écluses “protectionnistes” raisonnées, pour permettre la “jonction en douceur”, dont nous parlions, entre économies actuellement trop disparates.
Il fait aussi une critique pertinente du “théorème de Ricardo” sur le modèle libéral des “avantages comparatifs”, pont-aux-ânes bien connu des économistes où les hypothèses sont non seulement irréalistes mais trés incomplètes, et qui a néanmoins inspiré les constructeurs de l’Union Européenne!
N.B. Jean Luc Gréau: La trahison des économistes, Gallimard, 2008
Serge Halimi: Le grand bond en arrière, Fayard, 2006
Raoul Marc Jennar: Europe, la trahison des élites, Fayard, 2004
Rédigé par : Hadrien | 11 juillet 2009 à 21:17
Bonsoir V Peillon
Tout d'abord merci de m'avoir adressé programme et invitation aux Ateliers d'été des 21 et 22/08.09.
Iniative prometteuse et je m'en réjouis.
Contrairement à d'autres posteurs, je me refuse à dire untel est le meilleur, l'autre est nul.
Je m'en tiens aux personnalités qui animeront Espoir à gauche et si chacun met de côté son ego pour bosser collectivement en optimisant son talent personnel, je veux croire que la Gauche (excepté le NPA proche du syndicalisme sans volonté de faire partie d'un gouvernement et LO, qui a refusé d'appeler au vote républicain en 2002) va réussir à restaurer un parti fort, une alternative au sarkozysme.
Le talent, les R H etc, vous avez tout cela.
A vous de réussir à vous rassembler avec Valls, Moscovici, D Batho, A Filipettti, D Assouline etc
Des idées, vous en avez. Mais pourquoi ne pas plus médiatiser l'imposture de N Sarkozy, dont le parolier Guaino écrit des discours de gauche.
Vous en parlez avec J Delors, initiative trop confidentielle alors que le constat est exact.
Trouvez le moyen d'imprégner chaque cervelle citoyenne : la France résiste mieux socialement dans la crise et c'est des gens de gauche qui ont instauré "les ersatz sociaux".
Réapropriez-vous tout ce que la gauche a réalisé socialement, de Jaurès en passant par Blum et le Front populaire, etc.
Insistez sur la réalité de N Sarkozy : dans ses débuts, il allait dans la rue, pourt stopper les manifestants, par ex.
Cest un homme de la droite dure, autoritaie, sécuritaire pour qui le mot "solidaire" n'existe pas.
Et ne craignez pas la vieille garde, indécente dans sa démarche : "un jour mon tour viendra" au lieu de devenir des Sages, des mentors prêts à vous aider.
Je fais une exception pour Fabius, eu égard à son expérience, ses moultes aptitudes et, disons le, une tête pensante et bien pleine qui domine car Fabius peut, d'un mot, déstabiliser Jospin, trouver une faille chez l'adversaire (TVA sociale & Borloo)
Du travail en perspective, mais soyez réaliste : il y a au PS des experts en tout.
Ds l'équipe, l'énarque Moscovici sait écrire des programmes de gouvernement, vous-même êtes un spécialiste de l'histoire de la gauche, M Valls est courageux, sans langue de bois (il veut être à la gauche ce que Sarkozy est à la droite) et a des RH pour le faire savoir.
Bref, vous êtes, pardonnez-moi d'être prosaïque, comme une superbe recette culinaire : vous avez les ingrédients, mais pas la recettte.
Un gros regret perso : vous avez refusé un poste de M Aubry pour être libre.
Mais si vous aviez demandé d'être le porte-parole uniquement ! Votre élocution est au top, votre cursus philosophique peut vous permettre de glisser, dans vos interventions orales, des repères vrais et ce poste vous rendrait bien plus connu des Français.
Rédigé par : lectrice | 11 juillet 2009 à 04:01
Aprés l'entretien accordé au journal Paris-Match par Manuel Valls, sur son blog,
"Le temps du mépris", billet de P.Moscovici, sur son blog:
Comme aurait dit Coluche, "en voila un billet qu'il est constructif" !
Sur le billet précédent, christian | 08 juillet 2009 at 21:54, avait écrit:
Des mots, encore des mots,toujours des mots, rien que des mots.
Mr Moscovici, tous les deux ou trois jours vous passez dans les médias pour nous bassiner sans cesse des mêmes mots: double refondation idéologique, changer le logiciel, ouvrir les portes et les fenêtres, etc, etc,.
J'avais suggéré plus poliment... il faudrait peut-être que l'auteur ne se croit pas obligé de "pondre" un billet par jour, s'il n'a rien à dire.
Ici, Pierre Moscovici nous dévoile une face cachée de ses talents, et frappe un grand coup:
Aprés l'étalage des velléités de l'impuissance au PS, c'est le psychodrame quant au mépris qu'en ont ceux d'en face (fallait le trouver, ça!)
Et pas qu'un peu, nous dit-il:
"Ce mépris est polyphonique, il s'exprime à trois voix!" (Ah, bon?)
Oui, "Il y a, d'abord, celle de Nicolas Sarkozy – à tout seigneur tout honneur" (on se sent déjà rabaissé...)
Et..."Le mépris de la droite a d'autres porte paroles" (ça, on l'avait compris, deux?):
- "le Premier ministre plus virulent qu'on ne le pense: sa réponse, à l'Assemblée nationale, ...elle exsudait la détestation de la gauche, l'anti-socialisme primaire, qui se dévoile sans fard avec l'affaiblissement du Parti socialiste" (ça, ça se fait pas...on tire pas sur les ambulances!)
- "Jean François Copé, d'habitude préposé à la vacherie, fut du coup plus habile" (aaah...) ... "avec la gentillesse du crocodile" (ah, nooon!)
Mais.."Cet accès d'arrogance est aussi un excès de confiance, il est en réalité une faiblesse" (on se disait bien, aussi...):
Car..."La situation est en réalité plus fluide" (et comment!)...
Certes..."Le séminaire du Parti socialiste, qui s'est tenu mardi 7 juillet à Marcoussis, n'a pas fait grand bruit dans les médias et n'a pas été parfait en tout point. Il faudrait être d'un optimisme déraisonnable pour prétendre ou même simplement penser qu'il a tout résolu : nos problèmes sont lourds, nos failles sont profondes, nos divisions ne s'interrompront pas d'un coup, les ambitions – et c'est bien normal – ne disparaîtront pas" (vous êtes sûrs qu'elle est plus fluide, la situation?)
"Mais cette rencontre a eu à mes yeux deux mérites (trois voix, deux mérites...le PS pomme toujours par 3 à 2 quand même!).
Je suis sans illusion excessive (nous aussi): les forces centrifuges à l'oeuvre au Parti socialiste ne cesseront pas de jouer (comme sur le Titanic...jusqu'au bout!)
La conclusion de tout ceci est simple : au temps du mépris répondons par celui du travail (du fameux dicton médiéval: à seigneur méprisant, serf travailleur).
Voilà un billet qui va sûrement mettre du baume sur les blessures d'amour-propre!
Rédigé par : Hadrien | 10 juillet 2009 à 23:38
certes la gauche doit se rassembler,mais autour de quoi et de qui?il est- fini le temps ou notre parti etait l'epine dorsale de l'union des forces de gauche,vu l'etat de delabrement de notre parti,les verts ont autant de poids politique que nous pour etre au deuxieme tour!
si nous voulons etre au 2eme tour,il faut de toute urgence faire sauter le bunker de solferino qui s'enferme 1 peu plus chaque jour ds son autisme et ds sa meconnaissance de la realite!que la direction ,regroupee autour de mme aubry,pense que c'est en se taisant et en suivant aveuglement mme aubry,qui sait bien sur tout sur tout,que l'on va s'en sortir en dit long sur l'etat ideologique de notre parti!
plus les choses evoluent,plus on va se retrouver avec 2 ps,celui de solferino qui sera a l'universite de la rochelle et le vrai ps qui lui sera a marseille fin aout!
Rédigé par : melun | 10 juillet 2009 à 17:13
Un nom : "Fédération de la Gauche Socialiste et démocratique", çà ne vous rappelle pas quelqu'un? (F.Mitterrand)
Rédigé par : Josy | 10 juillet 2009 à 13:21
@ l'auteur,
Pour la censure, bravo de m'avoir fait mentir...
Mais c'est bien le premier de mes commentaires qui passe!
Rédigé par : Hadrien | 09 juillet 2009 à 13:34
Retrouvez l'entretien accordé au journal Paris-Match par Manuel Valls (sur son blog):
Paris Match. Vous estimez que le nom “Parti socialiste” doit disparaître. Par quel autre souhaitez-vous le remplacer?
Manuel Valls. Il faut un grand parti de gauche (je dirai même gauchiste) et démocrate (trés démocrate, respectant le NON au TCE des 62% de nos électeurs en 2005, et refusant donc Lisbonne) qui puisse rassembler au-delà de ce qu’est le PS aujourd’hui et qui réunisse les socialistes, les écologistes, le MoDem (en n'oubliant surtout pas son mentor économique, Jean Peyrelevade) mais aussi des gens issus de la mouvance associative, syndicale, intellectuelle (par exemple Tapie, Laurence Parisot, BHL, etc.). C’est l’alliance rose-orange-vert (ça fait peut-être un peu chargé, non?). On ne peut pas abandonner le mot “gauche” tant il correspond à un choix différent de celui proposé par la droite (je me trompe pas, là?). Il peut s’appeler le “Parti démocrate de gauche” ou le “Parti de la gauche démocratique” (ou, à la façon du bourgeois gentilhomme: le "démocratique parti de gauche", ou encore, de façon plus réaliste: la gauche démocratique parti(e)...) . Mais on peut aussi être imaginatif (P.Match: plus que ça?) … (Oui!)J’y travaille et, à terme, on fera peut-être appel à des agences (sans blaguer!). Ce qui compte pour l’instant, ce sont le contenu, le projet, le leadership (P.Match: surtout le contenu, on le sent tout de suite!).
Cette “renaissance”, comme vous l’appelez, passe-t-elle nécessairement par l’organisation de primaires ouvertes ?
Oui. Non seulement des primaires nous permettraient de choisir notre candidat à l’élection présidentielle (et dieu sait qu'ils sont nombreux!) à travers la mobilisation de plusieurs millions d’électeurs – 4 à 5 millions, sans doute – mais, en faisant concourir des personnalités qui ne sont pas socialistes (et même des personnalités étrangères, comme dans les meetings!), elles élargiraient notre formation (P.Match:z'êtes sûrs qu'elle va pas craquer?). (Non!), Arnaud Montebourg et Olivier Ferrand, dans leur rapport, y sont favorables, Vincent Peillon (vous savez, celui qui, comme moi, censure sur son blog tous les commentaires critiques), les amis de Ségolène Royal, Pierre Moscovici aussi… (et Félicie, aussi!) Tous ces “modernes” (comme à la bataille d'Hernani) qui espèrent que le parti s’ouvre (en deux) réellement sont d’accord. Il faut aussi imposer le principe des primaires à la direction du PS (Martine, comme tout le monde!), qui a préféré renvoyer le débat à l’après-régionales. Ce sujet n’est même pas inscrit à l’ordre du jour de l’université d’été de La Rochelle (c'est bien la peine que Bibi se décarcasse!), alors que la modernisation de la gauche et du PS devraient être les préoccupations essentielles (P.Match: ça...c'est sûr!).
Comment contraindre la direction du PS à accepter le débat?
Il faut un mouvement des militants, une révolte (et même une révolution) citoyenne des adhérents du PS. Ils peuvent imposer un sujet à l’ordre du jour du conseil national en organisant une vaste pétition (et une pétition qui pète!). C’est écrit (regardez...là!) dans les statuts du PS. J’appelle à cette mobilisation (la fleur au fusil, comme en 14!).
En arriver là ne serait-il pas un désaveu de la direction et de Martine Aubry ?
Depuis le 21 avril 2002, nous n’avons pas pris la dimension (passez moi le mètre!) des changements du monde. Nous avons certes gagné (en largeur, mais pas en profondeur) des élections intermédiaires locales. Les citoyens considèrent que les socialistes sont (tout juste) capables de gérer des collectivités locales. Mais ils ne nous font plus confiance (du tout) pour gérer l’avenir de la France.(P.Match: et pour vous gérer vous-même?)...Ces élections européennes ont servi à sanctionner les socialistes. Le PS parle une langue morte et les partis sont mortels… (P.Match: les partis ou la langue? on voit mal le rapport...) Face à cela (P.Match: face à quoi? la langue ou les partis?), il y a deux attitudes. Celle de l’audace, qui consiste à dire qu’il faut dépasser le PS (c'est pas difficile), et celle d’un appareil, qui a peur de l’avenir et reste recroquevillé sur lui-même (ça, c'est beaucoup plus difficile à réaliser comme figure). Ce n’est pas qu’une question de générations (non, non!). Il y a ceux qui croient encore que la gauche (mais pas le PS) peut être utile à ce pays. Et ceux qui sont épuisés (regardez-les!), qui n’ont plus la force de se projeter (c'est dur, ça, de se projeter soi-même!) et en sont restés aux années 80-90 en termes de propositions sociales (P.Match: et quéqu'y font de rester, comme ça, dans les années 80-90?). Martine Aubry propose une méthode classique qui consiste à ne rien faire (si, si, je vous assure!). A dire : « Il faut rénover, rénover, rénover », sans jamais mettre en pratique (P.Match: elle radote à ce point, Martine?).
Quel serait votre calendrier idéal pour l’organisation de ces primaires ?
Il faut que ce soit fait début 2010 (avec moi, ça va pas faire un pli!). Et après la désignation du candidat, il faut, comme aux Etats-Unis, un congrès ou une convention qui permette à tous de se rassembler après s’être opposés pendant un an (P.Match: j'ai compris... c'est ceux-là qui sont épuisés, qui peuvent plus se projeter?).
Vous aviez refusé en 2007 d’entrer dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Vous a-t-il proposé un poste lors du remaniement ?
Non. Et c’est normal (Pas fou, le Sarko!). Mon destin, ma démarche, mon rôle consistent à rénover la gauche (P.Match: mais, vous les avez épuisés, y peuvent plus se projeter!). Je ne crois pas à l’ouverture. Elle crée de la confusion et laisse penser qu’il n’y a qu’un gouvernement possible (P.Match: là, on vous suis plus trés bien...).
Fin de l'entretien.
Comme pour P.Moscovici (Besoin de gauche, 06 juillet 01.20), j'ai honte... mais c'est encore le seul moyen que j'ai trouvé de faire sentir combien les quadra-quinquas sont en train de se ridiculiser, et le PS avec eux.
Rédigé par : Hadrien | 09 juillet 2009 à 07:37