Vincent Peillon a été interrogé par Nicolas Barotte pour le quotidien Le Figaro.
"Le Figaro" : Sur l'affaire Tapie ou le fichier Edvige, comment expliquez-vous que François Bayrou soit apparu comme un opposant plus audible que le PS ?
Vincent Peillon : Je ne crois pas que ce soit le cas. La course à l'échalote ne doit pas être au meilleur opposant. Surtout quand on n'a pas choisi durant la présidentielle de faire barrage à Nicolas Sarkozy. Cela fait un peu tacticien. Ce qui compte, c'est la capacité à proposer une alternative à la politique qui échoue de Nicolas Sarkozy.
"Le Figaro" : Vous souhaitez des assises de la gauche. Pourraient-elles être ouvertes au MoDem ?
Vincent Peillon : Je souhaite des assises de la gauche et des progressistes avec nos alliés traditionnels et les démocrates, s'ils veulent bien sortir de leurs positions mi-chèvre mi-chou. À eux de se déterminer. Mais ce dialogue doit se faire sur le fond, dans le respect et dans la clarté. C'est ainsi que nous devons avancer. Il faut cesser avec le tropisme sectaire qui gagne les partis d'opposition. Chacun ne peut pas être obnubilé par ses affaires internes et l'entretien de son pré carré. Il faut veiller à donner une image plus ouverte sur les problèmes des Français pour avoir la capacité de créer ensemble une dynamique et d'y apporter des réponses. On a vu ce que nous ont coûté la concurrence à gauche en 2002, et les hésitations en 2007. On n'est pas obligé de reproduire les mêmes erreurs.
"Le Figaro" : Sur quelles questions le débat du congrès doit-il porter ?
Vincent Peillon : La question de fond est celle de l'ouverture d'un nouveau cycle politique : le passage de l'ancien - dans la doctrine, les comportements et l'organisation - au nouveau. C'est le vrai clivage du congrès : d'un côté, ceux qui veulent créer les conditions d'une nouvelle gauche française, et de l'autre, tous ceux qui veulent bricoler et raccommoder les vieilles façons de faire.
"Le Figaro" : Les socialistes sont-ils encore capables de vivre ensemble ?
Vincent Peillon : Bien entendu. C'est indispensable pour le pays. C'est la réponse que nous devons apporter au congrès. Tous ceux qui sont responsables doivent se mobiliser pour que ce congrès, qui n'a pas bien démarré, puisse mieux finir.
"Le Figaro" : Pourtant, vous-même avez parlé de «malfaisants » au sein du PS...
Vincent Peillon : Le PS, c'est 200 000 personnes. Il faut avoir plus de fermeté à l'égard des quelques individus qui ne facilitent pas notre vie en commun. Il faut remarquer leurs comportements et ne plus leur donner de responsabilités.
"Le Figaro" : Bertrand Delanoë et François Hollande se rapprochent en vue du congrès. Ségolène Royal peut-elle encore l'emporter ?
Vincent Peillon : Je ne sais rien de ce rapprochement. En revanche, les qualités intellectuelles, morales et politiques de Ségolène Royal sont avérées. Ceux qui voudraient faire réussir le PS contre elle ou sans elle commettent une erreur d'analyse et une faute lourde. Il faut travailler au rassemblement le plus large, sans exclusive et sans préalable.
"Le Figaro" : Doit-elle toujours être candidate au poste de premier secrétaire ?
Vincent Peillon : C'est à elle de le décider. Quand on a été désignée dans le dernier scrutin démocratique au PS par 60 % des militants, qu'on a été la candidate de toute la gauche au second tour de la présidentielle, on est la plus légitime à prétendre à cette fonction.
"Le Figaro" : Pierre Moscovici aurait-il les qualités pour diriger le PS ?
Vincent Peillon : Sans doute, Pierre Moscovici a les qualités requises pour occuper cette fonction. Mais aussi d'autres fonctions… Je ne crois pas que le préalable d'une telle candidature doive aujourd'hui bloquer les rassemblements nécessaires pour doter le PS d'une majorité capable de conduire le travail qui nous mènera à la victoire en 2012.
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Rédigé par : alexis | 27 septembre 2008 à 07:47