Depuis son bureau du Parlement européen à Strasbourg, Vincent Peillon a échangé avec les internautes sur le site du journal Métro. Il répond aux questions sur le Parti socialiste, son rapport à la gauche, le rassemblement social, écologique et démocrate, mais aussi sur l'immigration, l'éducation, ou encore la nomination de Herman Von Rompuy à la tête du Conseil européen.
Bonjour à toutes et à tous, veuillez m'excuser pour ces quelques minutes de retard ! Mais j'étais retenu en séance au Parlement européen.
Jean-Marc : Bonjour M. Peillon - Ma question va peut être vous surprendre? Quand allez-vous cesser vos querelles au sein du plus grand parti de l'opposition ? A savoir le PS (pour le moment).... Et est-ce que ne vous croyez pas que cela en devient ridicule ? (déjà pour l'image du PS ? Puis des gens qui attendent désespérément un espoir à Gauche ?)
Bien entendu. Vous avez raison. C'est pour cela d'ailleurs que je me suis consacré à constituer le rassemblement qui est ouvert à tous ceux qui veulent dialoguer entre eux à gauche et que nous avions préparé pendant des mois une rencontre sur l'éducation et invité pour débattre avec nous les syndicats et les grandes associations. Nous allons continuer imperturbablement en veillant à ce que ce débat de fond puisse avoir lieu. C'est ce qui avait justifié la publication en septembre d'un livre sur l'école de débat avec Xavier Darcos. C'est ce qui justifie le livre que je sortirai en janvier sur la laïcité. C'est pourquoi le rassemblement organisera à nouveau le 23 janvier une grande journée sur la démocratie. C'est enfin pourquoi j'ai publié vendredi dans "Le Monde" une longue tribune sur le financement de Copenhague et la taxe Tobin verte. Parlons s'il vous plait du fond et de ce qui justifie vraiment notre engagement.
Jeune PS 57 : Si DSK revenait pour les primaires, jugez-vous qu'il serait le mieux placé pour battre Nicolas Sarkozy et dans cette hypothèse, le soutiendrez-vous ?
Comme chacun a pu le noter, je m'obstine à penser que notre tâche aujourd'hui, en tout cas celle à laquelle je veux me consacrer tout entier, est de construire les alliances qui permettront une alternative en 2012 et un projet de transformation sociale, de croissance durable et de refondation républicaine dans notre pays. Pour le reste, je suis favorable aux primaires, je me suis battu pour, avec mes amis, et elles auront lieu en 2011. D'ici là, ne faisons pas le cadeau à la droite de ne parler que des personnes. Ce matin, je vous l'indique, au Parlement européen, la droite européenne a voté contre l'instauration d'une taxe sur les transactions financières pour financer en particulier le sommet de Copenhague. Belle contradiction avec les positions soutenues par le gouvernement français qui appartient pourtant à cette droite européenne.
Nat : Allez-vous vous présenter pour être candidat PS ? Franchement vous ne donnez pas l'impression de vouloir rester dans l'ombre comme simple animateur du mouvement "L'espoir à gauche" ?
On reproche aux politiques de ne pas parler du fond. On vient de me poser 3 questions, elles ne portent que sur des questions de personne et d'ambitions. Je vous le redis : ma seule préoccupation aujourd'hui est de défendre une autre conception de la politique, parce que je crois que seul un effort de pensée et de rassemblement permettra, quelque soit le candidat ou la candidate, que les progressistes gagnent en 2012. Je suis entièrement consacré à cette tâche.
Niche : Hollande pense qu'il faut attaquer Sarkozy sur sa politique fiscale. Avez-vous lu son livre et ses propositions ? Les soutenez-vous ?
Je pense que la politique fiscale de Sarkozy signe très nettement le parti pris d'injustice et d'inefficacité qui est le sien. La baisse de la TVA des restaurateurs en est un bel exemple ! Le bouclier fiscal reste un scandale. Et je me bats depuis des années, je l'avais fait comme secrétaire national du PS, en proposant avec Michel Sapin en grand impôt progressif regroupant l'impôt sur le revenu, la CSG et la taxe d'habitation. Nous l'avons refait au sein de la motion que j'ai signée au congrès de Dijon, et je crois que c'est un des thèmes sur lesquels nous pouvons avancer avec nos partenaires du rassemblement social, écologique et démocrate. C'est ce que nous ferons après les élections régionales.
Les régularisations doivent se faire sur des critères, et celui-ci me semble un bon critère.
Encreve : Quelles sont vos propositions sur l'école ? Comment pensez-vous les faire passer auprès des enseignants ? Quand est-ce que les propositions concrètes sur ce thème, issues des rencontres du rassemblement seront-elles disponibles ?
Les propositions sont déjà disponibles sur le site http:www.le-rassemblement.fr . Elles portent sur des engagements budgétaires, sur la méthode pour conduire les réformes, sur l'ouverture de deux grands chantiers, l'un concernant le temps scolaire, l'autre le métier d'enseignant, ainsi que sur l'instauration d'un service public de la petite enfance et la réforme du collège. Ces orientations sont aujourd'hui ouvertes au débat, et chacun peut y participer sur le site du rassemblement. Dans mon ouvrage de débat avec Darcos, je suis plus précis sur le temps scolaire, la rémunération des enseignants, la réforme de leur métier, mais dans ce livre je n'engage que moi, et non un collectif. Mon idée est que, au cœur du contrat que nous devons passer avec les Français en 2012, la question de l'école, avec une ambition aussi forte que celle qui a présidé aux Lois Ferry au début de la IIIème République ou au plan Langevin-Wallon au début de la IVème, doit être une priorité.
Barja86 : Bonjour M. Peillon. Croyez-vous que la possibilité d'une réussite de l'alternance en 2012 passe obligatoirement par une alliance du PS avec "le centre" (Écologistes et MoDem) ? N'est-ce pas se couper de la partie marquée à gauche du PS et de la population et entrainer une brouille avec des anciens alliés de la Gauche Plurielle, ce qui laisserait un boulevard énorme pour Besancenot et son NPA ?
Le MRC, le PRG, les Verts, en tout cas Europe Ecologie, ne sont pas hostiles à cette stratégie. Robert Hue, qui fut longtemps secrétaire général du PCF, et deux fois candidat à la Présidentielle, non plus. Je crois que l'union de la gauche version 1981, la gauche plurielle version 1997 doivent être dépassées. Mais je pense aussi que nous devons cheminer dans la clarté et, sujet par sujet, débattre pour voir quelles sont nos convergences et nos divergences. C'est le travail que nous avons entrepris dans le Rassemblement, et qui je l'espère pourra être utile non seulement à la victoire, indispensable, mais aussi à une action réussie lorsque nous serons aux responsabilités. Je suis très marqué par le fait que chaque fois que nous avons gouverné (1981-86, 1988-93, 1997-2002), chaque fois nous avons été battu à l'issue d'une seule législature. Nous n'avons donc jamais réussi à transformer la société dans la durée car, à chaque retour aux responsabilités, la droite a commencé par remettre en question nos principales réformes. Je crois que c'est le défi essentiel pour la gauche du XXIème siècle que de créer les conditions d'une transformation pérenne de notre société vers plus de démocratie et plus de justice sociale. C'est pourquoi nous explorons, modestement mais avec détermination et rigueur, la voie de ce rassemblement, possible, sans exclure personne, de ceux qui se situent dans l'opposition à Nicolas Sarkozy mais en prenant acte du fait que certains refusent de dialoguer avec nous. Pour ce qui me concerne, j'observe avec attention l'évolution du Parti Communiste Français, l'action de Jean-Luc Mélenchon, et je reste d'une tradition qui, pour ne pas passer sous silence les divergences d'analyse et de stratégie, n'en considèrent pas moins qu'elle n'a pas d'ennemis à gauche.
Mohamed : Pourriez-vous faire un commentaire sur le fait que Julien Dray n'est pas sur la liste pour les régionales ?
Oui. Je suis, vous le savez peut-être, un passionné de la République et de ses principes : séparation des pouvoirs, présomption d'innocence. Dans le cas de Julien Dray, un des principaux animateurs de la gauche dans notre pays depuis plus de vingt ans, ces principes n'ont pas été respectés. Aucune habileté, aucune préoccupation de l'opinion, aucune lâcheté devant le déferlement médiatique ne justifie que l'on abandonne ces principes essentiels. Comme responsable socialiste, je suis inquiet d'une telle dérive en notre sein, qui peut se retourner à tout instant contre n'importe quel autre camarade. Il y a en eu par le passé, il y en a aujourd'hui, il y en aura demain qui se retrouveront dans la même situation.
Gul : Comment se fait-il que vous arriviez à réunir un courant du PS avec d'autre formation politique mais qu'il est impossible de réunir plusieurs courants du PS ?
Ce n'est pas le cas. Après le calamiteux congrès de Reims, dès le mois de février, le courant Espoir à Gauche, a pris ses responsabilités et un certain nombre d'entre nous sont présents dans la direction du Parti. Il est vrai que ce congrès n'est pas encore suffisamment derrière nous, mais nous savons, les uns et les autres, que rien ne sera possible tant que nous n'aurons pas créé les conditions nouvelles, et claires, d'une construction collective.
albine75 : Quels sont vos rapports avec Bergé ? Est-ce vrai qu'il va vous financer plutôt que Ségolène Royal ?
Pierre Bergé soutient, comme il l'a dit, la démarche politique de rassemblement que nous avons entrepris avec le courant Espoir à Gauche, puis maintenant avec le Rassemblement social, écologique et démocrate. Ce n'est pas une affaire de personne, et personne, surtout pas moi, ne lui demande de choisir entre Ségolène Royal et moi-même. C'est encore une façon sinistre de se représenter ce que peut être un engagement politique. Heureusement, malgré tous nos défauts, sans doute considérables, nous ne vivons pas dans cet esprit là.
hugo76230 : Bonjour, que pensez-vous de la nomination et du mode de nomination de Herman Van Rompuy à la tête de l'Union européenne ? Une élection au suffrage universelle est t-elle envisageable ?
La construction européenne, à l'échelle de l'histoire humaine, va vite ; mais, à notre échelle de militant européen et de simple mortel, pas assez. Incontestablement, cette nomination, qui en soi représente un progrès, ne répond pas à tous les critères d'une démocratie satisfaisante et d'une Europe puissante. Battons-nous pour que cela soit mieux à l'avenir.
Jeune PS 57 : Vous sentez-vous comme un héritier, un acteur politique de la deuxième gauche, partisan d'un socialisme moderne comme le présentait Michel Rocard ?
J'ai été le secrétaire du groupe des experts de Michel Rocard lorsqu'il était 1er secrétaire du Parti Socialiste. J'ai œuvré pour le rapprochement entre Lionel Jospin et Michel Rocard, entre la première et la seconde gauche. Je crois que la division entre première et seconde gauche n'a pas été opérante. Le socialisme républicain dont j'essaie de restituer la mémoire, à travers la publication de grands textes dans la Bibliothèque républicaine que je dirige aux éditions du Bord de l'eau, comme à travers mes ouvrages sur Jean Jaurès, Pierre Leroux ou la "Révolution française n'est pas terminée", intègre la tradition à laquelle la seconde gauche s'est souvent alimentée. Je crois qu'il y a là des éléments utiles pour un socialisme du XXIème siècle.
Prof : Etes vous vacciné contre la grippe A ?
Je ne réponds pas aux questions d'ordre personnel, lorsque je pense que mon point de vue n'a aucune valeur scientifique ou exemplaire.
Jaurès : La priorité au PS aujourd'hui, c'est l'union ? Le travail ?
C'est en travaillant sur le fond, comme cela a toujours été le cas, que nous pourrons construire une union qui ne soit pas artificielle et qui soit respectueuse de la diversité des points de vue. C'est ce qu'avait bien réussi à faire Lionel Jospin de 1995 à
Encreve : Comment redonner espoir aux chômeurs et à ceux qui ont vu leurs revenus diminuer ?
La question, centrale, du nouveau modèle de développement doit intégrer en son cœur la question sociale. C'est sans doute une question de redistribution, qui ne sera pas seulement fiscale (éducation, logement, santé, culture, territoire), mais c'est aussi une bataille idéologique sur les valeurs après des années d'apologie du marché, de la réussite individuelle, de l'intérêt égoïste, et de mépris pour la solidarité, les services publics, la politique industrielle. Nous devons affirmer avec force que chacun et chacune doivent pouvoir trouver les ressources de son épanouissement individuel et que cela suppose que la puissance publique veille à limiter les inégalités et rechercher l'égalité des conditions.
Merci à tous pour cette conversation, je vous souhaite une bonne fin de journée. A bientôt.
Très rapidement :
@ Magguy : il y a les projets concrets qui posent problème, vous avez raison je crois (par exemple le temps de présence des enseignants et là ça peut poser problème car il leur faudra des bureaux aux enseignants s'ils restent au-delà du temps de cours dans les établissements... problème par exemple);
Il y a la signification que l'on donne à l'école : il n'est pas vain de rappeler pourquoi elle a été créée même si elle n'est pas toujours à la hauteur du projet; même si on aimerait lui faire faire autre chose.
Vous savez moi, je suis pour le communisme des enfants en un sens très précis. Je pense qu'en dernière instance c'est la société toute entière qui est responsable de la défaillance des familles, la société doit libérer les enfants de la pesanteur, des atavismes et des tares familiales. Je ne crois pas que cela soit langue de bois! C'est du Platon : la société libère des familles que l'on n'a pas choisies et qui parfois maltraitent.
@ une citoyenne apolitique. Je pense que vous avez raison et que le rapport famille - école - société civile est très problématique. Je ne pense pas sur ces points avoir la même analyse que la vôtre, ni les mêmes solutions. Je ne pense pas que l'enseignement soit une fonction comme une autre : les enseignants sont des fonctionnaires comme les autres, mais le savoir qu'ils transmettent et au service duquel ils sont doit être remis au centre de la société. Je ne pense pas que les enfants doivent être au centre du système éducatif, je ne pense pas que la satisfaction des besoins consuméristes doivent être au centre du système social. Je crois, mais cela n'engage que moi, qu'à l'école, ce sont les denrées mentales qui sont au centre et qu'on ferait bien, pour l'intérêt général, de remettre du savoir au centre plutôt que l'art d'arriver et de ruser à son profit et au détriment des autres.
Votre point de vue est plus sociologique, le mien plus philosophique. Je pourrais argumenter pour expliquer pourquoi je pense que le point de vue philosophique est plus nécessaire aujourd'hui à condition qu'il soit aidé par les analyses sociologiques à même de donner aux idées un appui dans la réalité.
Bien à vous,
Rédigé par : Senatus Populusque Romanus | 07 décembre 2009 à 21:36
Ils sont vraiment très marrants et très langue de bois ceux qui répondent à "une citoyenne apolitique"; c'est comme si les réflexions sur l'école sont nées à Dijon ou dans le livre écrit par M. Darcos et M. Peillon! C'est comme si l'école commençait à Dijon.
J'ai lu tous les blablablas qui y ont été proférés et que l'on a toujours sortis et ressortis au cours de ma carrière d'enseignant.
Ce qui m'étonne, c'est le fait que les syndicalistes n'aient rien dit, surtout en ce qui concerne le temps de travail et de présence des enseignants du secondaire à l'école; cette proposition diffusée insidieusement dans le but de nuire à Ségolène Royal en 2007 avait pourtant provoqué de vives réactions de la part des syndicats d'enseignants.
Rien de nouveau sous le soleil de Dijon, absolument rien de nouveau que nous n'ayons déjà expérimenté!
Nous présenter cela comme un débat de fond, ou comme une trouvaille de M. Peillon, c'est se moquer du monde!
Rédigé par : Magguy | 06 décembre 2009 à 02:18
@ SPQR
Ainsi quand on ne partage pas votre opinion, ce sont des préjugés proférés sur un ton grand seigneur et c'est irritant !!! Je dirais que votre réponse est un jugement pas un argument.
Pour répondre à la 1ère partie de votre commentaire, je dirais que
vous oubliez que l'enfant prend aussi conscience du monde qui l'entoure à travers les livres d'images, les médias, les activités extra-scolaires, sa famille, les habitants de son quartier, les autres enfants quel que soit leur âge...On évolue aussi tout au long de sa vie, la "socialisation" d'un individu ne se fait pas qu'à l'école. Ce qui montre bien que l'intégration scolaire ne saurait être la réponse adéquate à l'identité nationale. Le PS fuit le débat, il cherche seulement à éviter d'affronter les problèmes de notre société.
Je vous cite : "C'est en partie parce que les gens ont globalement une idée aussi vague de l'école que la vôtre et préfèrent la famille ou le curé à l'instituteur..."
L'école, une idée vague ??? Non c'est bien concret au contraire parce que c'est du vécu pour tous(n'est-ce pas obligatoire au moins jusqu'à l'âge de 16 ans ?)
Et pour la plupart des enfants, la famille n'est-elle pas le premier contact, le premier lien avec la société ?? N'est-ce pas avant tout les parents ou tuteurs qui sont responsables des enfants ?
D'autre part, si l'enseignement était de qualité dans tous les établissements scolaires, y aurait-il des parents qui choisiraient d'enseigner eux-mêmes le programme scolaire à leurs enfants avec l'aide d'internet entre autres ?
Qu'est-ce qui vous permet en plus de dire que je préfère la famille ou le curé à l'instituteur ? Par ailleurs, pourquoi faudrait-il opposer la cellule familiale à l'école ? Je pense qu'en France, contrairement à d'autres pays, les instituteurs et professeurs n'ont justement pas associé les parents aux activités scolaires. Comme la classe politique, beaucoup d'enseignants vivent sur une autre planète que celle des parents de leurs élèves (ou des citoyens sans enfant). Pour moi, famille et école sont deux milieux complémentaires, et je ne place pas l'instituteur au-dessus d'autres professions ou membres de la société.
Et malheureusement, pour certains enfants, de milieux défavorisés notamment, école et famille n'ont pas assumé leur rôle respectif et les ont laissés tomber.
Et non, si l'école est en panne ce n'est certainement pas ma faute parce que je ne suis ni enseignante ni mère d'enfants scolarisés !
Pour en revenir enfin aux propos de Mr Peillon sur l'identité nationale, non celle-ci ne peut se définir uniquement par rapport à l'école parce que cette définition est réductrice et exclut tous les citoyens Français, résidents européens et étrangers qui n'ont pas d'enfants scolarisés, et même les parents des enfants scolarisés. Et comme je l'ai déjà démontré, l'école ne résoudra pas tous les problèmes et encore une fois l'immigration affecte l'éducation...
Je répète également que Mr Peillon est député européen et non député national. Il devrait travailler sur les problèmes et projets de société avec ses confrères au PE au lieu par exemple de polémiquer avec les membres du PS.
Rédigé par : Une citoyenne apolitique | 06 décembre 2009 à 00:32
A "une citoyenne apolitique",
Je ne sais pas d'où vient votre ton grand seigneur mais c'est assez irritant surtout quand c'est pour proférer les plus gros préjugés possibles.
Je n'ai qu'une question à vous poser? Comment pouvez-vous rendre les hommes spontanément indépendants ou liés à ce qui leur est proche (famille, traditions, habitudes ataviques...), disposés à se lier à des personnes qu'ils ne connaissent pas, à changer leurs habitudes et à penser général, c'est-à-dire à ne plus se considérer comme le centre mais comme une partie d'un tout plus grand?
Il me semble que l'école est une bonne réponse à cette question : qu'elle a longtemps joué ce rôle de développement des vertus civiques par le développement des vertus intellectuelles. Mais, l'école est, en ce moment, un peu en panne de ce point de vue là. C'est en partie parce que les gens ont globalement une idée aussi vague de l'école que la vôtre et préfèrent la famille ou le curé à l'instituteur. Dommage!
Je trouve que c'est un beau projet. Il vaut le coup d'être tenté. Peut-être que cela sera sans vous...
Je ne sais pas si c'est ce que Peillon répondrait, mais c'est ce que j'ai envie de vous répondre...
SPQR.
Rédigé par : SPQR | 30 novembre 2009 à 13:02
Mr Peillon,bonjour.
Je ne comprends pas très bien pourquoi, alors que cette semaine vous êtes au Parlement européen, (ce qui n'arrive finalement pas très très souvent dans l'année, vous répondez à des questions de politique intérieure posées sur un site media. Ceci me surprend d'autant plus que vous ne répondez pas aux commentaires et questions posées sur votre blog !!
Je ne vois donc pas l’intérêt de faire d’autres commentaires puisque mes précédentes questions sont restées sans réponse. Je me permets toutefois de les renouveler car ces questions ont été évoquées sur le chat de Metro. L'éducation et l'immigration sont par ailleurs des thèmes d'actualité dans d'autres pays européens et devraient donc être débattus au Parlement européen.
Bien sûr merci encore une fois pour votre réponse.
Question (time) :
Selon Le Monde du 14/11/09, "Identité nationale. La gauche répond : intégration scolaire", Mr Peillon aurait dit que l'identité nationale "ne se définit pas par rapport à l'étranger, l'immigration, la race ou le sol"... "elle se définit par rapport à l'école"
Je pense que Mr Peillon et le PS pratiquent la politique de l'autruche et essaient de détourner le débat sur les questions urgentes auxquelles sont confrontés les Français et les Européens de l'ouest.
Cette définition de l'identité nationale par rapport à l'école uniquement est réductrice et discriminante car elle exclut une partie des citoyens adultes non concernés par l'école y compris des adultes étrangers.
Vincent Peillon oublie aussi que l'éducation des enfants ne se fait pas uniquement à l'école mais d'abord au sein de la famille et là elle varie selon l'origine ethnique ou "raciale", le pays dont les parents et grands-parents sont originaires, la classe sociale, la catégorie professionnelle, la personnalité des parents, s'il s'agit d'une famille monoparentale, recomposée...le nombre d'enfants et de bien d'autres facteurs encore. L'éducation à l'école ne fera jamais l'intégration et surtout ne résoudra pas les problèmes actuels liés aux flux migratoires non contrôlés et qui bouleversent, modifient notre société (immigration internationale, immigration européenne, tourisme tout au long d'une année, y compris les touristes avec un visa en règle mais qui restent dans un pays illégalement, nombre croissant des descendants d'immigrés parce qu'ils fondent une famille, etc, etc.
En outre, l'immigration (le nombre d'immigrés et leur pays d'origine) affecte de manière de plus en plus visible le système scolaire national.
Une illustration récente de cet impact parue dans la presse anglaise :
http://www.thisislondon.co.uk/standard/article-23767764-londons-schools-at-breaking-point-with-shortages-in-two-out-of-three-boroughs.do
L'école est bien liée à l'immigration (étrangère et européenne). Cette immigration affecte les moyens à mettre en oeuvre : nombre d'écoles, de classes, de professeurs et autres personnels mais aussi certainement le contenu de l'enseignement.
Le niveau scolaire à l'entrée en classe des enfants de parents immigrés va aussi déterminer le niveau des classes.
L'identité nationale se définit bien aussi par rapport à l'étranger c'est-à-dire par rapport aux autres nations ou identités nationales. Ce n'est pas une définition négative si elle ne s'accompagne pas d'un sentiment de supériorité et de recherche de domination ou colonisation d'un pays (et donc d'une identité nationale) sur l'autre.
En fait, ce n'est pas en France que Mr Peillon, député européen, devrait mener le débat mais à l'échelle européenne car d'autres pays d'Europe de l'ouest ont le même questionnement que la France et des problèmes similaires.
Je constate aussi que tout comme Mr Besson, Mr Peillon exclut du débat les Français vivant dans un autre pays européen ou étranger.
Enfin, j'aimerais bien que Mr Peillon m'explique pourquoi ceux qui soutiennent des populations ou des peuples étrangers dans leur combat pour être reconnus comme des nations indépendantes considèrent le débat sur les questions liées à leur propre identité nationale (et donc finalement l'indépendance ou souveraineté de leur propre pays) comme nationaliste et malsain.
(Posté sur ce blog le 16 novembre 2009 à 13:47)
Encore un petit commentaire supplémentaire quand même...
A la question européenne de hugo76230, vous répondez :"Incontestablement, cette nomination, qui en soi représente un progrès, ne répond pas à tous les critères d'une démocratie satisfaisante et d'une Europe puissante. Battons-nous pour que cela soit mieux à l'avenir."
Je me permets de vous faire remarquer que compte tenu de la forte abstention aux élections européennes et du déroulement de la campagne électorale dans certains pays européens, le Parlement européen n'a en effet pas une véritable légitimité et il est donc paradoxal que son pouvoir puisse être renforcé. Avant d'envisager une évolution concernant le président du Conseil européen, réformez votre maison, le Parlement européen.
Rédigé par : Une citoyenne apolitique | 27 novembre 2009 à 00:00