Vincent Peillon répondait ce mardi 12 janvier aux questions de Nicolas Demorand sur France Inter. Sur les grandes écoles, il a rappelé que la France est "le seul pays parmi les grandes démocraties occidentales, où se sont les enfants des classes défavorisées qui financent les études des enfants des classes favorisées". Selon Vincent Peillon, il faut donc "intégrer l'excellence des grandes écoles aux universités". Il revient aussi sur divers sujets d'actualité, tels que la démarche de Rassemblement ou l'audition de Mme Ashton - désormais chef de la diplomatie européenne - au parlement européen.
Première partie :
Deuxième partie, dans laquelle Vincent Peillon répond aux questions des auditeurs :
C'est incroyable d'essayer de faire croire aux électeurs que parce qu'un élève de classe prépa coute plus cher qu'un élève de faculté, cela signifie que ce sont les plus défavorisés qui paient les études des plus favorisés.
Quel raisonnement peut aboutir à une telle stupidité ?
En effet, une année en cycle préparatoire aux grandes écoles coute plus cher qu’une année de faculté. En revanche, pour rappel, l'impôt en France est progressif. Les "classes" les plus favorisées participent en proportion beaucoup plus aux recettes fiscales que les autres classes.
On ne peut pas déduire de ces deux affirmations que les pauvres paient pour les riches.
Qu'une inégalité existe entre le cycle préparatoire aux grandes écoles et la fac pourquoi pas. C’est un sujet a part entière et qui mérite d’être traité. Mais justifier la suppression du premier par un argument populiste et démagogique (robin des bois) c'est écœurant.
Rédigé par : vincent wiencek | 25 janvier 2010 à 17:20
Ceux qui écriront dans leur programme CLAIREMENT ''nous allons supprimer les grandes écoles'' en les listant me feront peut être retrouver le chemin des urnes.
Après avoir réfléchi longtemps à ce sujet, j'en suis arrivé à la conclusion que ce système là est un des noeuds explicatifs de la fossilisation intellectuelle et économique de notre société.
Mais il faut que ce soit écrit non pas comme une intention mais comme un engagement clairement énoncé.
Les français n'ont plus confiance en vous mesdames et messieurs les politiques, vous le savez, comme vous savez que la seule voie d'avenir pour la gauche est de faire basculer les abstentionnistes...
Rédigé par : Frederic | 24 janvier 2010 à 13:20
Je suis une ancienne khâgneuse, de milieu populaire; 3 ans inoubliables d'enseignement passionnant. J'ai raté une ENS de peu.
Si vous incluez la khâgne et l'ENS dans votre liste de systèmes élitistes à supprimer, je ne peux être d'accord avec vous, à moins de profondément transformer l'université, qui reste largement un cauchemar en licence pour les élèves passionnés à la fois par la littérature, les langues "mortes" et "vivantes", la philosophie, et l'histoire...
Êtes-vous aussi pour la suppression de l'agrégation, que je prépare en ce moment? L'agrégation est la seule chance pour des passionnés d'histoire, de philo ou de langues de vivre bien... L'ENS de Lyon est en partie ouverte aux agrégatifs de l'université Lumière; nous avons partagé des cours avec les normaliens. Leur bibliothèque est aussi en partie ouverte à tous.
Le gouvernement tente en ce moment d'assassiner la Culture avec un grand C... Si la gauche s'y met elle-aussi, sous prétexte d'égalitarisme... J'en pleurerais...
Mais bon, si vous vous attaquez exclusivement aux petits cons de droite, à costard et mèche rebelle, des HEC, et autres fausses élites de merde (genre science-po) qui forment une bonne partie de la future classe politique et les futurs patrons, je vous soutiens à 100%!
Rédigé par : Sophie, étudiante | 18 janvier 2010 à 11:00
Absurdité, malhonnêteté (démagogie?) de cette proposition. Fille d'un ouvrier immigré parfaitement analphabète, j'ai heureusement pu bénéficier gratuitement de ce système prépa-grande école (ENS, salariée pour prétendre moi aussi poursuivre de brillantes études supérieures)sans lequel je n'aurais jamais pu sortir du lot. J'enseigne à mon tour en prépa (prépa provinciale dite de proximité, de celles qu'il faut à tout prix encourager); or mes élèves sont pour la plupart issus des classes moyennes à défavorisées. Notre équipe pédagogique a à coeur de les aider à acquérir la culture et les méthodes de travail qui leur permettront à leur tour de s'en sortir.Je peux donc témoigner à double titre que le système des prépas est utile et même salutaire pour les catégories sociales les plus défavorisées.Nous préparons avant tout à l'ENS mais la formation exigeante que reçoivent nos élèves leur permet de réussir des écoles de commerce, de journalisme, d'art et j'en passe, sans parler des universités bien heureuses de recevoir ce public rompu à l'effort, sachant effectivement lire, écrire, réfléchir et qui fournit le gros des promotions de certifiés, d'agrégés et de docteurs : M Peillon ne l'ignore sans doute pas.Mais je concède bien volontiers qu'il faut informer, donner confiance, encourager ceux qui se pensent exclus de ce système. Et il faut avant tout travailler sur ce qui fonctionne mal en amont -le collège particulièrement- pour procurer à tous, sans renoncement ni démagogie, un enseignement ambitieux. J'ai été indignée par les propos de M. Peillon sur France-Inter et je souhaite qu'il prenne connaissance du sujet dont il parle avant que de formuler à l'emporte-pièce des jugements sans nuances.De grâce, pensez à corriger ce qui dysfonctionne, ne supprimez pas ce qui fonctionne!
Rédigé par : H. | 16 janvier 2010 à 22:25
Je suis professeur en classe prépa dans un lycée de province...
Nous avons déjà plus de 30% de boursiers.
90% de nos élèves de spé entrent en école d'ingénieurs, la majorité des autres poursuivent à l'université en accédant directement au niveau L3.
Les élèves avec qui je travaille avaient le plus souvent des notes comprises entre 12 et 14 en terminale.
Dans la pratique, il suffit d'étendre les vœux lors de la procédure d'admission "Post Bac" à des lycées "normaux" pour être assuré d'avoir une place.
Il y a aujourd'hui plusieurs centaines de classes prépa scientifiques, et seuls certains lycées exceptionnels comme Louis Le Grand et Henri IV à Paris, ou encore quelques lycées de Province, reçoivent un nombre très importants de candidatures venant de toute la France, et sélectionnent les élèves les plus brillants.
Par contre, tous ceux qui connaissent le système éducatif français savent qu'il y a des biais importants...
1/ Les élèves de milieu modeste ne sont malheureusement pas toujours au courant de l'existence de ces classes. Ils ne savent pas qu'elles sont gratuites, tout comme la majorité des écoles d'ingénieurs, et ignorent le pourcentage très élevé de réussite.
2/ Certains professeurs hésitent encore à conseiller ce type de filière aux élèves de niveau modeste (la grande majorité des enseignants sont passés par l'université, et beaucoup connaissent mal la réalité des classes prépa).
3/ Un élève doué, mais de milieu social modeste a toutes les chances aujourd'hui de "perdre un peu son temps" avant le bac, et de ne pas développer toutes ses possibilités.
Un élève de milieu social plus favorisé sera plus sollicité, du fait de son environnement familial, ou en raison du recours à des cours particuliers (d'approfondissement… c'est une pratique de plus en plus courante).
C'est justement pour lutter contre ces biais que différents lycées ont déjà mis en place des dispositifs adaptés (comme par exemple les "Cordées de la réussite").
Tout ce qui permettra de faire évoluer cette situation pourra vraiment aider à plus de justice sociale.
Mais ce n'est pas en demandant l'arrêt d'un système de formation efficace que l'on pourra améliorer la situation...
Rédigé par : Philippe Fortin | 16 janvier 2010 à 15:00
Le problème est que la fac française a montré son incompétence à gérer les élèves en début de cursus, et qu'il s'agit en réalité d'un système qui lui, et contrairement aux prépas et aux écoles d'ingénieur, est ultra-élististe : plus de la moitié des élèves issus d'une terminale scientifique échouent en fac de sciences, parce qu'on ne les suit pas, et la sélection y est féroce ensuite. La plupart des licences pros recrutent au moins la moitié des étudiants hors de la fac, sur dossier.
On veut envoyer des jeunes dans l'enseignement supérieur général à tout prix, sans s'occuper d'eux, et à leur détriment parce que ça ne leur apporte rien, tout ça pour faire du chiffre, notamment pour baisser les chiffres du chômage, c'est vraiment minable...
C'est cette licence générale, molle, qu'il faudrait supprimer, et ne garder que des formations technologiques (IUT) et une filière dédiée à la recherche et à l'enseignement.
L'hypocrisie est démasquée lorsqu'on constate que les formations technologiques ne se développent pas en lycée, parce qu'elles coûtent cher : les priorités de l'état sont donc toujours les mêmes, réduire le coût de l'éducation, vue comme une charge, et on n'en sort pas.
Rédigé par : Prof en prépa | 16 janvier 2010 à 12:47
Je suis également issu d'une famille modeste, j'ai intégré une école d'ingénieurs après deux ans de "prépa"... et je soutiens la proposition de V. Peillon de supprimer les grandes écoles. C'est un système très cher, largement réservé de facto aux classes favorisées, dont les rejetons sont les seuls à disposer de l'information sur les filières "d'excellence" au moment de l'orientation.
Les grandes écoles n'existent pas à l'étranger, et ça se voit quand on travaille dans un milieu international : les jeunes diplômés français sont imbus d'eux-mêmes et insupportables d'arrogance. Leur formation n'est pas meilleure que celle des diplômés étrangers, tous universitaires.
Les prépas découragent et infantilisent alors qu'elles devraient soutenir les étudiants, les professeurs y sont des mélanges de sadiques et de frustrés.
Cassons ce système à deux vitesses, et à double coût, et donnons à nos universités les moyens de rivaliser avec les meilleures universités européennes !
Rédigé par : soc-dem Bxl | 15 janvier 2010 à 22:23
Vouloir diluer un système qui marche dans un autre qui peine est une absurdité totale. Vous faites un constat juste (le système élitiste français accueille peu d'enfants issus des milieux populaires), mais votre solution (le supprimer) est une aberration. Le problème se situe en aval : il faut rétablir le mérite dans les collèges, les lycées et cesser de faire croire que tout le monde est égal d'un point de vue scolaire.
Je suis fils d'ouvrier, et je remercie la République de m'avoir permis d'étudier en CPGE qui est un système formidable qui m'a permis de réussir. Entendre un homme de gauche vouloir anéantir un système basé sur le mérite (les étudidants de prépa sont triés en fonction de leurs dossiers scolaires et rien de plus) me laisse sans voix. Et me fait réfléchir sur mes prochains votes.
Rédigé par : hector | 15 janvier 2010 à 20:01
Si je suis pour le maintien des grandes écoles pour les raisons très bien exposées dans le commentaire rédigé par SPQR le 12 à 15h30, je crains que le vrai débat aujourd'hui doive surtout traiter des nouvelles filières, universitaires ou pas, devant permettre aux étudiants de France une expertise et une formation dans les milliers de nouveaux emplois à créer autour de l'économie verte, l'économie positive, actuellement en gestation.
La gestion actuelle de la question par le gouvernement me semble largement insuffisante. J'ai l'impression de me trouver face à un ministère ayant une vision exclusivement comptable de l'université là où il faudrait innover, innover, innover. Les grandes écoles pourraient continuer de transmettre un savoir classique et élitiste, mais l'université doit radicalement muer pour s'ouvrir aux nouveaux défis du siècle et faire preuve d'audace dans ses choix. Nous ne resterons pas dans le haut du panier de la mondialisation en campant sur des acquis dépassés.
Rédigé par : Florence de Wilde | 15 janvier 2010 à 10:35
Issu de milieu défavorisé, j'ai eu la chance de pouvoir faire une grande ecole grace a la gratuite des cours et aux aides directes et indirectes (internat, repas à tarif modéré même le week-end). Quand j'entends un dirigeant politique demander à noyer un système au fonctionnement exceptionnel, reconnu dans le monde entier, dans un système universitaire qui meurt de son inadaptation au marché du travail (dans sa majorité), j'ai peur que cet homme-là puisse un jour gouverner la FRANCE... et je me battrais contre lui bien qu'il soit censé représenter mes convictions.
Rédigé par : bouchot | 15 janvier 2010 à 10:10
Une façon positive de parler du processus d'apprentissage du savoir serait de souligner et d'encourager des organismes comme l'AFPA ( Association Professionnelle des Adultes ) qui redonne du travail et (re)qualifie plus de 60% des demandeurs d'emplois qui s'adressent à cet organisme.
Rédigé par : Celia | 15 janvier 2010 à 09:54
@SPQR : A moins de considérer que la condition sociale des parents soit un facteur prépondérant quant au mérite des enfants, il est impossible de considérer que le système élitiste des grandes écoles soit républicain, quand les statistiques démontrent que la répartition est inversement proportionnelle...
Ce n'est pas l'élitisme qui est remis en cause, mais justement qu'il ne soit pas républicain, distinguant une catégorie de citoyens plus que d'autres.
Rédigé par : David Guadalupe | 14 janvier 2010 à 17:46
Il n'a peut être pas tord sur le fond, mais c'est une maladie bien française de supprimer ce qui marche bien, avant de d'avoir essayé autre chose qui marche mieux.
Rédigé par : Dominique | 14 janvier 2010 à 15:32
C'est une très mauvaise idée je trouve !
Rédigé par : Gilles | 14 janvier 2010 à 09:20
"le seul pays parmi les grandes démocraties occidentales, où se sont les enfants des classes défavorisées qui financent les études des enfants des classes favorisées", est-ce une blague? Heureusement, on peut se rassurer en lisant: Vincent Peillon : "Je suis pour la suppression des grandes écoles" ainsi la France perdra sa seule filiere d'excellence permettant de former des jeunes gens capables d'etre competitifs au niveau international. Le probleme ne repose pas sur les Grandes Ecoles qui ont demontre leur savoir faire mais sur l'obscurantisme lie a l'egalite a tout prix. Cela entrainera a terme un nivellement par le bas et un appauvrissement du niveau Francais. Financer les Grandes Ecoles, c'est financer l'education de futurs contribuables ayant un fort potentiel et pouvant contribuer a la richesse nationale. La faillite du systeme universitaire ne devrait pas se faire au detriement de l'image des Grandes Ecoles. Ces debats sont steriles et il est regrettable meme incroyable que des responsables politiques puissent mettre en cause un systeme qui marche et qui a fait ses preuves depuis pres deux siecles. Avant d'etre demagogue et de dire des choses erronnees telles que "le seul pays parmi les grandes démocraties occidentales, où se sont les enfants des classes défavorisées qui financent les études des enfants des classes favorisées", n'oubliez pas de tout prendre en consideration et notamment le retour sur investissement en formant les etudiants des Grandes Ecoles.
Rédigé par : thomas | 13 janvier 2010 à 23:29
Vous ai entendu sur France Inter ce matin. Intéressant dans l'ensemble pour le fond. Mais sur la forme, par pitié, arrêtez de faire comme tous vos confrères "communicants" : halte au "moi je" comme ponctuation. Insupportable et symboliquement indigne d'un homme de gauche.
Rédigé par : Joris | 12 janvier 2010 à 15:31
J'ai vu que l'ENS ne faisait pas partie des grandes écoles pour vous, ça me rassure. Mais, il me semble que c'est un classement qui vous est personnel. Et quid de l'ENA?
Au fond ce qui vous dérange ce sont les écoles qui s'américanisent : sciences po, HEC. Mais il y a des universités qui, encore aidées par l'autonomie suivent ce mouvement comme Dauphine.
Bref, il faut savoir : je pense que le problème n'est pas les grandes écoles qui ont su jouer un rôle d'ascenceur social. Il faut voir l'évolution des statistiques sur le nombre de fils /fille d'ouvriers ou d'employés modestes qui accèdent à ces écoles pour s'en persuader. Mais l'élitisme est aussi républicain : que voulez-vous? Une bon navire universitaire, certes, mais cela ne se fait pas en sabordant la tête de proue.
Le problème est que précisément l'ascenceur est en panne et que ces grandes écoles n'apparaissent que comme le miroir grossissant de la reproduction des inégalités. Mais rassurez-vous, cette reproduction est là également dans les établissement moins prestigieux (dès la primaire, elle existe).
En revanche, je suis entièrement d'accord que la méthode des quotas n'est pas républicaine (rupture de l'égalité face aux épreuves et dévalorisation des diplomes pour ceux qui ont bénéficié de ce passe-droit qui doit servir de cache-misère).
La misère c'est précisément que certains ne parviennent pas à s'en sortir : c'est en partie lié à la nature des concours (certains comme l'ENS Ulm pour la filière littéraire visent clairement dans le type de savoir et de compétence la bonne ou haute bourgeoisie parisienne) et en partie à la situation sociale de ce pauvre pays fracturé. Mais, il n'est absolument pas certain que le problème vienne de l'existence d'un système élitiste : c'est à prouver et je trouve votre point de vue un peu rapide sur la question.
Si votre but est l'harmonisation européenne, c'est une autre question. Mais il faut le dire et ne pas remettre sur les grandes écoles des tares et des responsabilités qu'il est complètement absurde de leur imputer.
Un jour il faudra que vous précisiez que votre république du savoir (expression qui flatte l'oreille) est une république sans l'élitisme républicain.
Bien à vous,
SPQR.
Rédigé par : SPQR | 12 janvier 2010 à 15:30