Libération a publié ce matin une interview de Vincent Peillon, dans lequel il exprime sa volonté de voir se former une "nouvelle alliance" pour battre Sarkozy.
"Organisateur du rassemblement de Marseille avec pour invitée la Modem Marielle de Sarnez, dimanche dernier, l’eurodéputé (PS) Vincent Peillon, qui publie un livre sur l’éducation (1), revient sur les deux questions centrales de la rentrée socialiste : primaires et alliances.
Martine Aubry pour les primaires ouvertes, c’est une bonne nouvelle ?
Oui. Il faut que la gauche française recommence à bouger. Il ne faut pas bouder notre plaisir.
Quel doit être le calendrier ?
Les militants doivent être saisis de ce sujet dans les semaines qui viennent. Il ne faut pas attendre les régionales, mais les précéder et les booster.
Autre point sensible : le périmètre de ces primaires. Comment le délimiter ?
Elles doivent être ouvertes à toute la gauche et aux démocrates.
Nombre de personnalités de gauche, hors du PS, rechignent pourtant à participer à un tel processus…
C’est pourquoi il faut d’abord construire ce rassemblement écologique, social et démocratique que nous avons évoqué à Marseille. Nous ne devons pas avoir une attitude hégémonique, mais pas non plus pratiquer la sous-traitance en déléguant le social aux communistes, la république à Chevènement ou l’écologie aux Verts. Il faut une déclaration de principes, avec des convergences sur le fond : la VIe République, la question éducative, la grande réforme fiscale, le nouveau modèle de développement, etc. Ce sera le socle des primaires et aussi du contrat de gouvernement. Il faudra faire preuve d’ambition intellectuelle et politique, engager de vraies ruptures.
Quelles pourraient être les suites de la prise de position de Marielle de Sarnez sur les rapports entre Modem et gauche ?
Michel Rocard, en 1988, après «la France unie», avait intégré à son gouvernement des ministres d’ouverture. Mais c’était du débauchage. Jacques Delors aurait souhaité ce rapprochement avec le centre en 1995. Aujourd’hui, la politique de Sarkozy a fait évoluer une frange des centristes. Ceux-ci se situaient autrefois à droite. Ils expliquent désormais qu’ils sont dans l’opposition et qu’ils sont d’accord pour travailler non seulement avec les socialistes, mais aussi avec les communistes, les Verts, etc. Si on ne comprend pas qu’il y a là un point de départ, on ne comprend rien à la politique. Sarkozy et son ministre Hervé Morin [Nouveau Centre, ndlr], eux, l’ont bien compris. Ils savent que c’est dans cette nouvelle alliance que réside la possibilité de les battre en 2012.
Plusieurs de vos camarades demeurent réticents sur cette question. Quels sont vos arguments ?
Sauf à vouloir faire démissionner les adjoints Modem de nos municipalités, ce débat est derrière nous. Le vrai sujet est maintenant de donner un contenu progressiste à cette alliance.
L’évolution du rapport de forces électoral justifie-t-elle toujours ce rapprochement ?
L’école, l’hôpital public, le chômage, le dérèglement climatique, la situation faite à notre jeunesse, l’endettement record, les médias phagocytés par le pouvoir de l’argent, la démocratie asphyxiée par l’hyperprésidence… Tout cela nécessitera des réformes très profondes et courageuses. Il faudra pour les mener une majorité forte et claire.
Ces questions, primaires et alliances, n’étaient pas centrales dans le programme de l’université d’été du PS…
Elles se sont imposées. On ne peut pas dire : "On travaille sur le projet, mais la procédure de désignation et les alliances n’ont pas d’importance." Il faut faire tout cela en même temps.
Comment évaluez-vous la situation de Martine Aubry?
Si on arrête de regarder les autres comme des ennemis, au dedans comme au dehors, si on est à l’initiative et si on prend des risques, on retrouvera une dynamique et on pourra être utile au pays. De ce point de vue, il y a une responsabilité de la première secrétaire."
(1) Peut-on améliorer l’école sans dépenser plus ? Magnard.
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