A un jour du vote des militants, Vincent Peillon était l'invité de Thierry Guerrier dans l'émission "C à dire" (France 5). Voici ci-dessous l'intégralité de l'entretien en vidéo.
A un jour du vote des militants, Vincent Peillon était l'invité de Thierry Guerrier dans l'émission "C à dire" (France 5). Voici ci-dessous l'intégralité de l'entretien en vidéo.
Rédigé le 19 novembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (23) | TrackBack (0)
Vincent Peillon était ce matin l'invité politique de Christophe Barbier (LCI). Voici ci-dessous l'intégralité de l'entretien en vidéo
Rédigé le 18 novembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (9) | TrackBack (0)
Vincent Peillon était ce matin l'invité de Françoise Laborde dans l'émission "les 4 Vérités" (France 2). Voici ci-dessous un résumé de ses propos, ainsi que l'intégralité de l'entretien en vidéo
Le Parti socialiste a besoin de sortir des jeux obsessionnels de personnes, de faire émerger une nouvelle génération, pour se remettre enfin au travail. Ce parti a besoin de gens qui montrent qu'ils sont capables de travailler ensemble, et non de gens qui ont comme principale obsession de se contredire, de s'empêcher mutuellement, prenant par-là même en otage non seulement le Parti Socialiste - qui, collectivement, n'a pas été à la hauteur de ses responsabilités ce week-end - mais toute la gauche française et, d'une certaine façon, la démocratie française. Pour nous, l'enjeu n'est pas la désignation d'une personne - même si nous soutenons avec ardeur Ségolène Royal - mais la formation d'une équipe soudée qui tirera dans le même sens, pour préparer ce que les Français attendent de nous : une opposition ferme et, demain, la possibilité d'une alternative.
Rien n'est figé : après ce vote, tous les socialistes vont devoir se rassembler. Nous ne pouvons pas être ceux qui disent "ouvrons les portes et les fenêtres" et, en contradiction, les fermer à nos propres amis. L'obsession des postes et des responsabilités est secondaire. Nous ne souhaitons rien d'autre que de mettre au travail ensemble une nouvelle génération autour de personnalités telles que Pierre Moscovici, Harlem Désir, des amis de Martine Aubry, et même Benoit Hamon.
Il faut cesser ces discours agonistiques qui ne parlent qu'à nous-mêmes : Reims est un échec. Mais nous n'en portons pas, avec Ségolène Royal, la responsabilité : nous avons tendu la main à tous, nous étions prêts à tous les compromis sur la base de notre texte. C'était sans compter sur le refus de dialogue que l'on nous a très clairement opposé.
Que les uns et les autres regardent l'image de notre parti : on ne peut pas continuer comme ça. Les Français nous observent. La droite aussi, et elle ricane. Il faut que cela cesse, que nos divisions cessent. La presse est sévère avec raison, et nous devons l'être encore plus avec nous-mêmes. Il nous faut de toute urgence sortir le parti de l'ornière.
Cette semaine il y aura de nouveau un vote et j'appelle donc les militants socialistes à exercer la responsabilité qu'un certain nombre de dirigeants n'ont pas été capables d'exercer. Votez en nombre. Donnez à l'espérance la force dont elle a besoin. Redonnez au Parti la fierté d'être socialiste. Les militants ont cela dans leurs mains.
Le vote du 6 novembre dernier a été clair, celui de jeudi prochain doit l'être plus encore. Une victoire au 1er tour nous donnerait la force nécessaire au rassemblement ; ce même rassemblement que Ségolène Royal aurait été en mesure d'opérer dès dimanche si elle n'en avait été empêchée par les blessures d'ego des uns et des autres. Soyons honnêtes, il n'y avait aucune raison pour qu'il n'y ait dans la nuit de samedi à dimanche un accord majoritaire. Qui croit sincèrement à l'existence de différences très profondes entre Bertrand Delanoë, Ségolène Royal et Martine Aubry ? Personne ! Ce n'est pas sérieux, et c'est d'ailleurs ce que tout le monde s'était évertué à répéter pendant la campagne.
À ce stade, je prends personnellement un engagement : à la suite du vote de jeudi, nous réunirons tous les socialistes, non pas dans un de ces rassemblements mous et obscurs que nous, socialistes, connaissons trop bien, mais dans un rassemblement sincère autour de l'exigence du travail et du changement.
Rédigé le 17 novembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (22) | TrackBack (0)
Vincent Peillon s'est par deux fois adressé aux délégués et aux militants présents au Congrès du Parti Socialiste qui se tenait ce week-end à Reims. Voici les vidéos de ses interventions.
Rédigé le 16 novembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (18) | TrackBack (0)
Vincent Peillon était ce matin l'invité d'Olivier Galzi dans l'émission "les 4 Vérités" (France 2).
Rédigé le 12 novembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (28) | TrackBack (0)
Vincent Peillon était hier l'invité de l'émission "Ripostes" présentée par Serge Moati (France 5).
Rédigé le 10 novembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (20) | TrackBack (0)
Vincent Peillon a répondu aujourd’hui aux questions du quotidien Le Parisien.
"Le Parisien" : Le fait que votre motion soit en tête permet-il à Ségolène Royal de reparler de sa candidature au poste de premier secrétaire ?
Vincent Peillon : Depuis le début, nous disons que, pour donner de la force à ce congrès, il faut éviter les querelles de personnes. Ceux qui ont privilégié ces questions de chefferie n’ont pas été gagnants. Aujourd’hui, nous sommes très conscients, et Ségolène Royal la première, de notre responsabilité. Comme l’avait dit François Hollande, c’est autour de la motion arrivée en tête que doit s’opérer le rassemblement. C’est ce que nous faisons maintenant : rassembler tous ceux qui, dans le respect du vote des militants, veulent construire une majorité dont l’orientation, sur le fond, les pratiques et les équipes, sera le changement. La question de la personne qui doit conduire ce changement n’est pas un préalable, on n’a pas changé d’avis là-dessus.
Vous ne craignez pas qu’un front « tout sauf Ségolène » vous empêche de construire cette majorité ?
Je ne crois pas. Et ce n’est pas du tout l’état d’esprit des militants, même chez ceux qui n’ont pas voté pour notre motion. On va continuer sans paranoïa et sans prêter attention à quelques-uns qui peuvent être un peu dépités et bougons.
Vous pensez que cette motion a été choisie pour son équipe ou par rejet de la direction sortante ?
Notre score et celui de Benoît Hamon montrent que ceux qui ont porté en avant la volonté de renouvellement ont eu des résultats meilleurs que ceux qui ont donné l’impression de vouloir poursuivre de la même façon. Manifestement, la motion de Bertrand Delanoë, François Hollande, Lionel Jospin, Michel Rocard n’a pas incarné le renouveau que demandent les militants. On n’a aucune agressivité à l’égard de personne. L’essentiel maintenant, c’est que tout le monde se remette au travail et tire dans la même direction.
Le rassemblement que vous souhaitez peut-il se construire avant l’ouverture du congrès de Reims ?
Il le faut, c’est notre responsabilité vis-à-vis des socialistes, mais aussi de tous les Français. Ces jeux très compliqués qui sont les nôtres ne doivent pas durer trop longtemps, surtout quand le suffrage s’est exprimé.
Vous ne pensez pas que ceux qui vous reprochent d’évoquer des alliances avec le centre refuseront un rassemblement autour de vous ?
C’est une hypocrisie car nous sommes tous sur la même position. Michel Rocard, soutien de Bertrand Delanoë, avait demandé lors de la présidentielle l’alliance avec le MoDem dès le premier tour. Dans le même camp, Michel Destot a fait une alliance à Grenoble. Martine Aubry, elle, l’a faite au second tour à Lille. Même chez les proches de Benoît Hamon, certains ont fait une ouverture au centre aux municipales. Notre ligne est claire : on veut un grand PS, un parti de masse où viennent les jeunes, les classes populaires. Ensuite, nous voulons le rassemblement de la gauche et enfin, comme cela a toujours été fait, y compris par François Mitterrand, nous voulons rassembler sur nos valeurs et sur notre projet socialiste tous ceux qui veulent battre la droite. Cessons les comportements sectaires à l’intérieur du PS, à l’égard des partenaires de la gauche plurielle, à l’égard de l’extrême gauche, puis à l’égard des démocrates. Nous n’avons pas à distribuer des paires de claques à tout le monde à l’intérieur du PS, ni sur notre gauche, car les mêmes qui rejettent le centre critiquent violemment Besancenot, ni vers les démocrates.
Rédigé le 08 novembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (33) | TrackBack (0)
Vincent Peillon était aujourd’hui, suite au vote des militants socialistes qui ont placé la motion de Ségolène Royal en tête, l’invité de « la Matinale » de Canal +. Voici ci-dessous un résumé de ses propos ainsi que la vidéo de l'entretien.
Aujourd'hui plus que jamais, les Français ont besoin du Parti socialiste et le Parti socialiste a besoin d’être rassemblé. Avant déposer une candidature, que ce soit celle de Ségolène Royal ou de quelqu’un d’autre, il faut tendre la main, aux uns et autres, pour construire une majorité à même de porter cette candidature. Toutefois, c’est bien entendu sur la base des idées qui sont les nôtres - renouvellement du projet, transformation du PS en un parti de masse et renouvellement des équipes - qu’il faudra opérer ce rassemblement, puisque les militants socialistes ont choisi de nous placer en tête.
La discussion devra donc avoir lieu avec tout le monde - sans exclusive et sans faux débats - mais dans le respect le plus strict de ce qu’ont clairement exprimé les militants : la volonté du changement.
Rédigé le 07 novembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)
Vincent Peillon a répondu ce mardi aux questions de David Revault d'Allones pour le quotidien Libération.
"Libération" : Après Martine Aubry, Benoît Hamon et Bertrand Delanoë, c’est Ségolène Royal qui, initialement, devait s’exprimer dans Libération. Vous la remplacez au pied levé. Un signe que vous pourriez être candidat au poste de premier secrétaire ?
Vincent Peillon : Nous avons fait le choix collectif de ne pas transformer ce congrès en querelle de personnes, et Ségolène Royal a fait preuve de responsabilité dans l’intérêt de la gauche. Nous souhaitons mettre en avant une équipe et une orientation, et surtout que l’on ne nous dérobe pas le débat de fond.
Pourriez-vous être le capitaine de cette équipe ?
Les socialistes ne sont pas des grenouilles qui demandent un roi, ou une reine. Aucun candidat ne peut être un préalable ou une solution. Ce qui est essentiel, c’est la construction d’une majorité sur une orientation. Et c’est cette majorité qui choisira celui ou celle qui est le plus à même de conduire les changements nécessaires.
L’irruption de la crise financière n’a-t-elle pas pris de court le PS ?
Il n’est pas très mature d’instrumentaliser la crise dans le congrès, sur le mode : “J’ai dit avant toi que le capitalisme était méchant…” Je conteste d’ailleurs l’idée que cette crise soit absente des motions : les premières lignes de la nôtre portent sur le nouveau Bretton Woods et la lutte contre les paradis fiscaux ! Nous, nous n’avons pas changé.
Nicolas Sarkozy, lui, a changé avec la crise. En se convertissant à la réhabilitation de la puissance publique, il occupe votre terrain…
Nicolas Sarkozy pratique en permanence le grand écart entre les discours et les actes. Il mène une offensive sans précédent contre le pacte républicain et social, attaque les services publics, s’en prend à l’école, augmente les inégalités, pratique le révisionnisme historique, déconstruit le droit social. C’est pour cela que nous devons être en ordre de marche. Quand lui joue sur l’émotionnel, l’immédiateté, la désignation d’ennemis, nous devons faire appel à d’autres ressources : la fraternité, la raison, la cohérence.
La ligne sociale-démocrate est-elle «périmée», comme l’affirme Royal ?
Pour parler comme Obama, rien ne sera plus comme avant. Le socialisme doit tenir compte de la société telle qu’elle est, et non adopter un modèle ancien pour se refonder. Ségolène Royal a raison : nous avons à inventer le socialisme du XXIe siècle.
Sur quelles bases ?
Il s’agit d’abord, dans la continuité de la campagne présidentielle, de définir un nouveau modèle de développement, alliant développement durable, économique et social. Nous ambitionnons aussi une refondation républicaine, qui place l’égalité entre revenus, entre territoires, entre générations, au coeur de nos politiques publiques. Enfin, nous portons l’exigence de démocratie jusqu’au bout, démocratique, mais aussi sociale et locale : c’est la VIe République.
Vous n’êtes pourtant pas les seuls à prôner la rénovation du PS…
Nous, nous proposons une autre conception. Celle d’un parti de masse, engagé dans les luttes, ouvert sur la société. Nous ne croyons pas qu’il soit heureux d’avoir perdu près de la moitié de nos adhérents en un an, ni judicieux de faire siffler les nouveaux adhérents. Nous, nous portons avec davantage de radicalité, de constance et donc de crédibilité, l’exigence d’un changement profond.
Le PS est-il sensible à ces propositions ?
Je constate que sur beaucoup de sujets, ce qui était raillé hier est rallié aujourd’hui. Les militants ne veulent ni du statu quo, ni d’un rassemblement clair obscur destiné à réinstaller les mêmes. Ils veulent un projet moderne et offensif, un parti qui se transforme, plus efficace et plus respectueux, des équipes qui se renouvellent. Reims doit ouvrir une nouvelle page dans l’histoire du socialisme français.
Cette campagne de congrès est-elle une bonne campagne ?
Le congrès a fini par prendre une certaine hauteur. Il avait pourtant plutôt mal commencé : certains, en contradiction avec les textes, voulaient à tout prix diaboliser notre position sur les alliances. Or personne, parmi nous, ne prône d’alliance avec la droite ou le centre ! Ces accusations sont dérisoires. Surtout si l’on regarde les pratiques de certains de leurs auteurs, notamment aux municipales. Un parti le plus fort possible, le rassemblement à gauche, la main tendue à tous ceux qui veulent battre la droite !
Hollande en appelle à la «discipline», et Delanoë à l’«autorité»…
On a déjà donné. Toute autorité doit être fondée sur une autorité morale, intellectuelle et politique. Elle ne peut être un appel au caporalisme. Par ailleurs, pour exiger la discipline, il faut être soi-même irréprochable.
Avec quelle autre motion pouvez-vous faire alliance ?
Si aucune motion n’a la majorité absolue, il n’y a rien de honteux à construire une majorité au PS. C’est notre devoir et notre responsabilité. J’ajoute même qu’il faut qu’elle soit large, car le travail qui nous attend est considérable. Nous, nous chercherons tous les moyens de rassembler, sans préalable, sans exclusive, sans sectarisme, mais sur une ligne claire : celle du changement. Pour que Reims soit un grand congrès.
Propos recueillis par DAVID REVAULT D’ALLONNES
Rédigé le 04 novembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (21) | TrackBack (0)
Vincent Peillon s'est exprimé mardi dernier devant les militants socialistes lyonnais. Voici un extrait vidéo de son intervention.
Rédigé le 31 octobre 2008 | Lien permanent | Commentaires (15) | TrackBack (0)
Vincent Peillon a été interrogé par Jean-Michel Normand pour le quotidien Le Monde.
"Le Monde" : Député européen et ancien président de la mission parlementaire de lutte contre le blanchiment d'argent (1999-2002), comment jugez-vous la volonté du gouvernement de lancer une action contre les paradis fiscaux ?
Vincent Peillon : Nous avons affaire à des pyromanes qui se transforment en pompiers. Ce dossier ne date pas d'hier. Sous le gouvernement Jospin, la France a été en pointe dans le combat contre les paradis fiscaux ; une lutte qui ne peut se mener qu'au niveau européen, puis du G8 et de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).
En 2002, une conférence des parlements nationaux d'Europe a adopté 53 mesures en faveur de la transparence des mouvements de capitaux. Or, ces initiatives ont été abandonnées par les gouvernements de droite. Renaud Donnedieu de Vabres, condamné par les tribunaux pour blanchiment, a été nommé ministre de la culture et le gouvernement a accordé un statut spécifique à Saint-Martin et Saint-Barthélemy pour en faire de véritables paradis fiscaux.
En pratique, comment la puissance publique peut-elle agir ?
Vincent Peillon : Dans ce domaine complexe, les choses ne se font pas en claquant des doigts. Il faut agir avec constance, être rigoureux car les enjeux sont considérables - quasiment toutes nos banques et grandes entreprises disposent de comptes et de succursales dans ces trous noirs de la finance internationale - et faire preuve d'une forte volonté politique. Lionel Jospin avait fait voter une loi qui permettait d'interrompre, par simple décret, les transactions avec un paradis fiscal. L'actuel gouvernement pourrait parfaitement y recourir. De nombreuses enquêtes en cours d'instruction pourraient aussi être débloquées. Le paradoxe, en effet, c'est que l'argent circule librement, mais que l'action des juges doit s'arrêter aux frontières.
Quel type de régulation mettre en oeuvre ?
Vincent Peillon : Il importe de relancer l'harmonisation fiscale entre les pays et de prendre à bras-le-corps la question du secret bancaire. Sa levée dans un certain nombre de cas constitue le seul moyen d'y voir clair à travers les sociétés écrans.
L'autre problème, c'est qu'il existe une trop forte distorsion entre les textes et leur application. En France, notamment, on fait de grandes déclarations sans se donner les moyens d'obtenir des résultats. Il faut adopter une régulation publique internationale capable de punir ceux qui ne la respectent pas et rompre enfin avec cette absurdité qui veut que le système doive s'autoréguler.
Propos recueillis par Jean-Michel Normand
Rédigé le 21 octobre 2008 | Lien permanent | Commentaires (11) | TrackBack (0)
C’est avec stupéfaction et colère que j’entends aujourd’hui certains faire griefs aux socialistes d’avoir négligé les désordres du système financier international et de n’avoir rien à dire sur les ressorts de la crise financière, les mêmes qui ont fait obstacle aux combats que nous avons pu mener. Le secret bancaire comme les crédits pourris se sont allègrement nourris du silence médiatique.
Les faits d’abord, pour ceux qui ont la mémoire courte ! Du printemps 1999 à mars 2002, j’ai présidé ce qui fut la plus longue mission parlementaire de la Ve République, consacrée précisément – à travers la lutte contre le blanchiment, la délinquance financière et les paradis fiscaux, bancaires et judiciaires – à cette question de la dérégulation. Avec le rapporteur de la mission, Arnaud Montebourg, avec les parlementaires qui voulaient bien nous accompagner dans nos périples, soutenus constamment par le gouvernement de Lionel Jospin malgré les difficultés diplomatiques que nos enquêtes pouvaient créer, nous avons consacré plusieurs monographies au Luxembourg, au Liechtenstein, à la Suisse, à Monaco, au Royaume-Uni et à la France elle-même. En 2002, peu avant le désastre du 21 avril, nous avons organisé à Paris une conférence des Parlements nationaux d’Europe où, après de longues négociations, nous faisions adopter 53 mesures sur la transparence des mouvements de capitaux, sur les sanctions contre les pays non coopératifs et sur la coopération judiciaire, policière et administrative. S’y ajoutait le principe d’un rendez-vous périodique annuel ou bisannuel pour estimer les progrès de ce combat. L’Europe pouvait alors prendre la tête d’une approche régulatrice du marché et travailler à construire un embryon d’ordre public international.
De même nous avions fait adopter le principe que la mission parlementaire devienne une structure permanente de l’Assemblée nationale. En 2004, j’ai publié un ouvrage, les Milliards noirs du blanchiment (Hachette), où, prenant acte du fait que le gouvernement de droite élu en 2002 n’avait aucunement, malgré ses promesses, poursuivi le travail entamé, je dressais le bilan suivant : celui d’une mondialisation criminelle se nourrissant de l’hypocrisie des Etats, du désintérêt des opinions publiques, de la complicité des autorités financières et du silence suspect des relais médiatiques. Ceux qui nous font aujourd’hui reproche de n’avoir pas investi ce champ s’en sont ouvertement désintéressés et, ce faisant, ils ont condamné cette lutte en la privant de tout relais d’opinion.
La mondialisation que nous avons construite est douce aux oligarques, aux grands trafiquants de drogue, d’armes ou d’organes, aux grandes firmes, aux traders ; elle est dure avec les plus faibles, les travailleurs, les pauvres, les honnêtes gens qui n’ont pas pour première obsession de frauder le fisc. Comme nous l’avaient rappelé les juges de l’Appel de Genève en 1996, alors que le crime est transnational, que l’argent traverse les frontières à la vitesse électronique, les juges et les hommes de loi sont arrêtés aux frontières. Des mécanismes multiples et cumulatifs, basse pression fiscale, secret bancaire absolu, absence de coopération judiciaire, sociétés écran, absence de règles prudentielles et de supervision bancaire permettent à la finance criminelle de prospérer en toute impunité.
Malheureusement, on ne peut s’en tenir à cette première analyse. Car aucun d’entre nous ne peut sérieusement croire que s’il s’agissait seulement de protéger les terroristes, les trafiquants de drogues, les grands criminels, les Etats autoriseraient l’existence de tels mécanismes et la prolifération de tels territoires ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La finance criminelle est estimée à 5 % du PIB mondial, les transactions qui passent par ces boîtes noires à la moitié des flux financiers. Si ces mécanismes et ces territoires perdurent et prospèrent, c’est qu’ils servent d’autres intérêts : ceux des Etats, des grandes firmes et des grandes banques, et de fortunes puissantes. Les paradis fiscaux, bancaires et judiciaires nourrissent et abritent le crime. Mais c’est le prix que les grands agents du système financier international sont prêts à payer pour faire leurs profits comme ils l’entendent.
L’écart entre le droit et le fait, les discours et les actes, culmine ici à son maximum. Nous disposons de multiples conventions, déclarations, organismes, dans le cadre de l’ONU, de l’OCDE, de l’Europe etc. Or l’hypocrisie des Etats et l’intérêt bien compris des grandes entreprises permettent que ces organismes ne disposent jamais des moyens de se faire respecter et que les déclarations ne soient que des chiffons de papier. Le silence médiatique, rompu seulement lorsqu’il s’agit de mobiliser en urgence l’argent public pour sauver le système, participe de cette vaste hypocrisie. Plusieurs années à parcourir l’Europe, à rencontrer banquiers, autorités de régulations, juges, criminels, policiers, avocats, diplomates, ministres, nous ont conduits à cette conclusion que j’énonçais déjà en 2004 : l’ordre international est un grand désordre que personne ne maîtrise mais dont certains profitent, et la mondialisation telle qu’elle s’est construite depuis plus de vingt ans à coup de libéralisations est d’abord favorable à ceux qui veulent échapper aux règles du droit (pour ne pas parler de la vertu), aux exigences de l’intérêt général et à la recherche du bien commun.
Comment tracer dans tout cela un chemin ? Je ne reviens pas sur les mesures de régulation nécessaires. Mais l’expérience m’amène à soutenir que celles-ci ne seront mises en oeuvre que si elles sont portées par les opinions publiques avec force et constance. On ne reviendra pas en arrière. Ce que nous avons construit, à partir du XIXe siècle et après la révolution industrielle, de régulations démocratiques, sociales et même économiques dans le cadre de l’Etat nation, il va nous falloir le reconstruire au plan européen et au plan international. Cette tâche est celle du siècle qui s’ouvre. Elle sera longue, difficile, elle se heurtera à des intérêts puissants.
Nous savons aujourd’hui, et depuis plusieurs années, ce qu’il faudrait faire. La question n’est pas celle des problèmes, ils sont identifiés, ni celle des solutions, elles existent et sont bien répertoriées. Comme je l’écrivais déjà en 2004 : «La question est de construire une volonté commune.» Demandons à ceux qui semblent découvrir aujourd’hui les dysfonctionnements du système financier international, après les avoir si longtemps protégés d’un manteau de silence, s’ils auront cette volonté au-delà de quelques jours et de quelques déclarations purement commerciales pour vendre de la peur à des opinions publiques déboussolées. Si ce n’était pas le cas, le grand déferlement médiatique auquel nous assistons livrerait sa véritable stratégie : permettre que l’on renfloue au plus vite, avec la bonne volonté de celles et de ceux qui n’en sont pourtant que les victimes, un système profitable seulement à quelques-uns, faire en sorte que les beaux jours reviennent au plus vite pour tous ceux qui se nourrissent de cette mondialisation criminelle.
Rédigé le 17 octobre 2008 | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
La crise financière est le fruit de la victoire idéologique d'une certaine conception de la vie en commun. Si nous ne nous affrontons pas directement à cette conception, gageons que dès la crise passée, toutes les forces qui ont conduit au dérapage que nous connaissons se recomposeront pour continuer d'affirmer, équations et démonstrations à l'appui, que de l'avidité sans limites et de la consommation ostentatoire des uns vient le progrès de tous, que les règles constituent un obstacle à l'obtention de la plus grande production possible, que "la société" ne signifie rien et qu'on ne rencontre que des individus poursuivant leurs fins et visant à maximiser leur utilité, c'est-à-dire à consommer toujours plus.
En un mot que l'alpha et l'oméga de la vie en société, c'est d'augmenter sans relâche les actes d'appropriation individuelle sur un marché. Bien commun, autre définition de la richesse, de l'émancipation des personnes, de la propriété, voilà les questions de fond qui, prises à la racine, doivent être repensées par le camp progressiste à l'occasion de cette crise. C'est en rompant avec l'utilitarisme étroit de l'économie politique anglaise que les premiers républicains et les premiers socialistes avaient construit, dans le cadre de l'Etat nation, les règles démocratiques et sociales qui ont fait le patrimoine de nos sociétés. C'est ce même geste qu'il faut reproduire aujourd'hui, avec l'Europe, dans le cadre de l'économie mondialisée qui est la nôtre.
La constitution de la bulle financière, mais aussi le développement de l'économie réelle se sont nourris des concepts et des représentations forgés par l'économie classique et néoclassique. Ainsi en va-t-il du concept d'utilité, travaillé par toute la pensée économique du XIXe siècle, et dont Léon Walras disait en 1874 : "Qu'une substance soit recherchée par un médecin pour guérir un malade ou par un assassin pour empoisonner sa famille, c'est une question très importante à d'autres points de vue, mais tout à fait indifférente au nôtre. La substance est utile, pour nous, dans les deux cas, et peut-être plus dans le second que dans le premier."
Dès lors, si la richesse, c'est l'utilité, alors une production utile est donc simplement celle qui trouve son consommateur. Comme l'a montré Jean-Joseph Goux, "c'est l'émancipation d'avec toute la philosophie morale qui est en jeu". Désormais, toute consommation est utile, toute consommation a de la valeur. Les arguments fondés sur les besoins - nous devons absolument produire, et produire toujours plus, et aussi toujours plus consommer pour faire repartir la machine économique, parce que les besoins humains sont infinis - se nourrissent de cette équivoque entre les vrais besoins, la vraie utilité, qui améliore vraiment la condition de tous les hommes, et la futilité, le gaspillage. "Dans le système néoclassique, écrit Galbraith, la consommation est généralement quelque chose de parfait qu'il faut maximiser par tout moyen légitime et socialement inoffensif. C'est aussi un plaisir curieusement sans nuages."
En substituant le désir individuel subjectif au besoin - qui peut, lui, être objectif, collectif, et dont on peut donc discuter -, l'économie a en même temps rendu impossible la construction d'un bien commun. Et cela parce qu'elle a décidé souverainement que l'utilité ne pouvait être déterminée qu'à partir de la multiplicité infinie de désirs, tellement spécifiques, incomparables et particuliers qu'il sera impossible de les agréger, voire de les comparer. C'est ce que s'attache inlassablement à soutenir toute une partie de l'économie qui fait ses délices de l'incomparabilité des préférences individuelles. C'est ce qui explique aussi que notre PIB ne soit qu'une grosse comptabilité d'entreprise, qu'il ne fasse qu'agréger des augmentations de production, c'est-à-dire des appropriations individuelles de biens et services apportés sur le marché.
Or, nous vivons depuis la seconde moitié du XXe siècle les yeux rivés sur la croissance du PIB comme si celle-ci était capable de représenter nos avancées en matière de progrès ou de civilisation et comme si l'augmentation de la production et de la consommation était la seule façon de mettre le monde en valeur. Le moment actuel ne marque pas seulement un dérèglement ou un dysfonctionnement de la régulation. Car l'absence de régulation et la tolérance aux excès reposent sur des choix plus profonds qui habillent les choix politiques d'une évidence scientifique pourtant discutable.
C'est pourquoi il serait insuffisant de se contenter de mesures conjoncturelles, seraient-elles nécessaires, et naïf de croire que des mesures structurelles de régulation du même système seront suffisantes. Cette crise doit nous conduire à ouvrir la boîte noire de la logique du développement de nos sociétés et à réinterroger la pertinence des indicateurs avec lesquels nous mesurons nos progrès et définissons nos choix collectifs.
Poser la question du système, c'est poser la question des valeurs et des concepts par lesquels nous nous représentons notre vie collective. Nous devons, à nouveaux frais, nous poser, ensemble, la question de savoir ce que sont les ingrédients d'une société qui dure et d'un progrès de la civilisation en termes de justice et de liberté. Il nous faut mettre en place les indicateurs qui nous permettront de mesurer non seulement des augmentations générales de consommation mais aussi sa répartition, les évolutions du patrimoine naturel, les accès aux biens premiers et aux droits fondamentaux.
Le socialisme du XXIe siècle doit se construire une doctrine pour aborder les défis des crises, énergétique, alimentaire, climatique, financière qui déchirent la planète, obèrent l'avenir et piétinent des vies humaines par centaines de millions. L'idée d'un nouveau modèle de croissance où développement durable, justice sociale, progrès des libertés et de la démocratie marcheraient ensemble, qui romprait avec l'orthodoxie tyrannique des économistes, sera au coeur de cette doctrine. La crise que nous vivons doit aussi être l'occasion de relancer cet effort de pensée et de conduire cette bataille idéologique avec courage.
Rédigé le 16 octobre 2008 | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)
Vincent Peillon est intervenu lors de l'Assemblée Générale des militants PS de la Fédération de Paris, qui se tenait hier soir à la Mutualité. Voici un extrait du verbatim.
Rédigé le 08 octobre 2008 | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)
Vincent Peillon était hier soir l'invité de "Karl Zero Live" (BFMTV). Il y est notamment revenu sur le climat détestable au sein du Parti Socialiste à l'approche du Congrès de Reims, déplorant tour à tour le manque de respect, la caricature permanente et les comportements carnassiers.
Rédigé le 30 septembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)
Vincent Peillon était vendredi dernier "l'invité politique" de Laurent Bazin (i-télé).
Rédigé le 29 septembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Vincent Peillon était hier l'invité de l'émission "L'Entretien de France 24", présentée par Sylvain Attal (France 24).
Rédigé le 26 septembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Rédigé le 19 septembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Vincent Peillon était hier l'invité de l'émission "13:15, le dimanche" présentée par Laurent Delahousse (France 2).
Il y a notamment fait part de sa préoccupation face à la situation de la gauche en général et du Parti Socialiste à l'approche du congrès de Reims.
A l'occasion de la visite du Pape Benoît XVI en France, Vincent Peillon a également évoqué la question de la laïcité. Rappelant que "la grande loi de 1905 était une loi de paix et de respect des religions", il a dénoncé l'attitude d'un Nicolas Sarkozy cherchant à "remettre, de façon conflictuelle, la question religieuse au centre de la vie publique", et ce pour mieux occulter "la vraie question qui est la question sociale".
Rédigé le 15 septembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Vincent Peillon a été interrogé par Nicolas Barotte pour le quotidien Le Figaro.
"Le Figaro" : Sur l'affaire Tapie ou le fichier Edvige, comment expliquez-vous que François Bayrou soit apparu comme un opposant plus audible que le PS ?
Vincent Peillon : Je ne crois pas que ce soit le cas. La course à l'échalote ne doit pas être au meilleur opposant. Surtout quand on n'a pas choisi durant la présidentielle de faire barrage à Nicolas Sarkozy. Cela fait un peu tacticien. Ce qui compte, c'est la capacité à proposer une alternative à la politique qui échoue de Nicolas Sarkozy.
"Le Figaro" : Vous souhaitez des assises de la gauche. Pourraient-elles être ouvertes au MoDem ?
Vincent Peillon : Je souhaite des assises de la gauche et des progressistes avec nos alliés traditionnels et les démocrates, s'ils veulent bien sortir de leurs positions mi-chèvre mi-chou. À eux de se déterminer. Mais ce dialogue doit se faire sur le fond, dans le respect et dans la clarté. C'est ainsi que nous devons avancer. Il faut cesser avec le tropisme sectaire qui gagne les partis d'opposition. Chacun ne peut pas être obnubilé par ses affaires internes et l'entretien de son pré carré. Il faut veiller à donner une image plus ouverte sur les problèmes des Français pour avoir la capacité de créer ensemble une dynamique et d'y apporter des réponses. On a vu ce que nous ont coûté la concurrence à gauche en 2002, et les hésitations en 2007. On n'est pas obligé de reproduire les mêmes erreurs.
"Le Figaro" : Sur quelles questions le débat du congrès doit-il porter ?
Vincent Peillon : La question de fond est celle de l'ouverture d'un nouveau cycle politique : le passage de l'ancien - dans la doctrine, les comportements et l'organisation - au nouveau. C'est le vrai clivage du congrès : d'un côté, ceux qui veulent créer les conditions d'une nouvelle gauche française, et de l'autre, tous ceux qui veulent bricoler et raccommoder les vieilles façons de faire.
"Le Figaro" : Les socialistes sont-ils encore capables de vivre ensemble ?
Vincent Peillon : Bien entendu. C'est indispensable pour le pays. C'est la réponse que nous devons apporter au congrès. Tous ceux qui sont responsables doivent se mobiliser pour que ce congrès, qui n'a pas bien démarré, puisse mieux finir.
"Le Figaro" : Pourtant, vous-même avez parlé de «malfaisants » au sein du PS...
Vincent Peillon : Le PS, c'est 200 000 personnes. Il faut avoir plus de fermeté à l'égard des quelques individus qui ne facilitent pas notre vie en commun. Il faut remarquer leurs comportements et ne plus leur donner de responsabilités.
"Le Figaro" : Bertrand Delanoë et François Hollande se rapprochent en vue du congrès. Ségolène Royal peut-elle encore l'emporter ?
Vincent Peillon : Je ne sais rien de ce rapprochement. En revanche, les qualités intellectuelles, morales et politiques de Ségolène Royal sont avérées. Ceux qui voudraient faire réussir le PS contre elle ou sans elle commettent une erreur d'analyse et une faute lourde. Il faut travailler au rassemblement le plus large, sans exclusive et sans préalable.
"Le Figaro" : Doit-elle toujours être candidate au poste de premier secrétaire ?
Vincent Peillon : C'est à elle de le décider. Quand on a été désignée dans le dernier scrutin démocratique au PS par 60 % des militants, qu'on a été la candidate de toute la gauche au second tour de la présidentielle, on est la plus légitime à prétendre à cette fonction.
"Le Figaro" : Pierre Moscovici aurait-il les qualités pour diriger le PS ?
Vincent Peillon : Sans doute, Pierre Moscovici a les qualités requises pour occuper cette fonction. Mais aussi d'autres fonctions… Je ne crois pas que le préalable d'une telle candidature doive aujourd'hui bloquer les rassemblements nécessaires pour doter le PS d'une majorité capable de conduire le travail qui nous mènera à la victoire en 2012.
Rédigé le 13 septembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)